Pour les dirigeants, hommes d'affaires, sportifs, artistes et milliardaires l'argent coule à flots et l'évasion fiscale est le sport préféré Politiques, hommes d'affaires, sportifs... la liste des personnes éclaboussées par les «Panama Papers» s'allongeait hier au troisième jour des révélations par des médias du monde entier sur ces pratiques fiscales opaques au Panama. Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson est le plus en difficulté, sous la pression de milliers de manifestants qui réclament son départ après les révélations sur ses avoirs dans un paradis fiscal. Le Président Olafur Ragnar Grimsson a écourté son séjour aux Etats-Unis pour rentrer précipitamment dans son pays. C'est pour l'instant l'effet le plus marquant de ces vastes révélations du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), qui a eu accès à plus de 11 millions de documents du cabinet d'avocat panaméen Mossack Fonseca, mettant en lumière les pratiques financières et fiscales de tout un éventail de clients, du simple entrepreneur au chef d'Etat en passant par des banques ou des sportifs. Le Premier ministre britannique David Cameron était dans une moindre mesure sous pression de la presse, son père Ian ayant dirigé un fonds d'investissement basé aux Bahamas dont les profits ont échappé au fisc britannique grâce à un montage via Mossack Fonseca. Hier matin, le quotidien français Le Monde, un des participants à l'opération de l'ICIJ, a mis en cause l'entourage de Marine Le Pen, la présidente du Front National, un des principaux partis politiques français. Selon le journal, ces proches de Mme Le Pen ont utilisé des sociétés écrans et des fausses factures pour sortir de l'argent de France. L'un d'entre eux, Frédéric Chatillon, avait pris les devants lundi et affirmait avoir «mis à disposition de ces deux journalistes les documents prouvant la parfaite légalité» des opérations le concernant. Aux Pays-Bas, le quotidien Trouw affirme que des centaines de Néerlandais ont utilisé les services du cabinet panaméen pour créer des sociétés dans des paradis fiscaux, dont l'ancien footballeur international Clarence Seedorf. Le Monde a aussi ciblé la banque française Société Générale, cinquième banque qui a eu le plus recours à Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore, derrière HSBC, UBS, Credit Suisse. Créer une société offshore n'est pas en soi une pratique illicite et le P-DG de Credit Suisse, Tidjane Thiam, a déclaré hier à Hong Kong à l'agence Bloomberg News que la banque n'approuvait que les opérations offshore «légitimes». Certains noms font en revanche planer un nuage plus sulfureux sur les «Panama Papers». Selon Trouw, John Bredenkamp, un négociant d'armes, aurait eu «au moins 13 sociétés» via Mossack Fonseca, dont «au moins cinq se sont retrouvées sur des listes internationales de sanctions pour son implication présumée dans la vente d'armes au président du Zimbabwe» Robert Mugabe. Les médias britanniques BBC et The Guardian font aussi état d'activités allant au delà de la simple évasion fiscale, affirmant qu'une société écran nord-coréenne utilisée pour financer le programme nucléaire de Pyongyang a figuré parmi les clients de Mossack Fonseca. Depuis les premières révélations dimanche soir, plusieurs pays ont annoncé l'ouverture d'enquêtes et la plupart des personnes mises en cause ou leur entourage ont affirmé respecter la loi ou ont tout simplement balayé les accusations. L'avocat de Michel Platini, président de l'UEFA mais suspendu dans le cadre du scandale de la Fifa, et qui aurait eu recours aux services de Mossack Fonseca en 2007 pour administrer une société au Panama, a écarté toute idée d'irrégularité. «Cette situation est connue de l'administration fiscale suisse, pays dont Michel Platini est résident depuis 2007», a assuré au journal français Le Figaro, Me Yves Wehrli. Lundi, le président ukrainien Petro Porochenko, l'argentin Mauricio Macri ou la famille du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif avait tous affirmé respecter la loi.