La 11e édition de cette manifestation cinématographique phare de Genève se tiendra cette année du 11 au 17 avril prochain sous le signe de «la liberté». Un festival des plus audacieux et qui n'hésite pas à se mouiller, que ce soit sur le plan thématique ou cinématographique. Ayant gagné ses galons de noblesse à force de sérieux et de persévérance, le Fifog peut se targuer aujourd'hui, malgré la faiblesse de ses soutiens, à être un festival de qualité ayant contribué ces dix dernières années à la promotion des cinémas d'Orient mais aussi du monde. En effet, le Fifog c'est en effet plus de 100 films dont certains vous ne les verrez jamais en Algérie, c'est aussi 60 invités et 20 lieux de projection, de débats et d'exposition. Avec comme thématique générale «la liberté», prendre comme président d'honneur l'écrivaine algérienne Ahlem Mostaghanemi, était tout trouvé. Cette dernière s'est interrogée dans sa lettre (in dossier de presse, Ndlr) sur le rapport qu'entretient un écrivain avec le cinéma. Et de dire: «Je me suis souvenue que Youssef Chahine m'avait confié que Mémoires de la chair, qu'il désirait porter à l'écran, était un roman écrit avec l'oeil d'un cinéaste» et d'affirmer un peu plus loin: «Toute personne qui possède un simple téléphone peut s'improviser cinéaste le temps d'une prise, et prétendre posséder l'image; une image devenue plus forte et plus influente que le verbe en raison de sa rapidité de diffusion, de son universalité et de son authenticité. Mais l'image, comme le verbe, a besoin de liberté. C'est exactement ce qui nous manque. Il suffit d'effleurer la liberté, dans beaucoup de pays, pour être mis à la marge et subir l'anathème. Si le simple envol d'un papillon a besoin du ciel entier, comme disait Paul Claudel, l'aigle de la création ne peut voltiger sous le poids de la peur. Comme celui qui mesure la profondeur d'un fleuve avec ses deux pieds, nous sommes amenés à évaluer la liberté avec notre vie.» Tahar Haouchi directeur du Fifog, soutient pour sa part que «la liberté, en Orient, notamment dans les pays du Levant violentés et ensanglantés, revêt un sens particulier. Est-il absurde de revendiquer la désinvolture quand des vies sont quotidiennement et massivement fauchées? Les réalisateurs présentant leurs films à la 11e édition du Fifog trouvent légitime cette revendication. Nous pensons avec eux que, face au chaos, l'absence de sens et la mort, l'art reste la voix du salut. Avec eux et Victor Hugo, nous hurlons: «Sauvons la liberté! La liberté sauve le reste!». Aussi, c'est une flopée de films des plus audacieux et récents qui seront programmés cette année encore. On citera côté algérien, Madame courage de Merzak Allouache et Maintenant, ils peuvent venir de Salem Brahimi. Ils seront en compétition aux côtés de Cairo Times de l'Egyptien Amir Ramses, Printemps tunisien de Raja Amari ou encore Wainting for the fall du Syrien Joud Saïd. L'Algérie sera présente hors compétition aussi à travers le film Fatma N'soumeur de Belkacem Hadjadj dont l'affiche du festival est à l'effigie de son héroïne, à savoir Laëtitia Eïdo. Côté court métrage, le seul film algérien en compétition est le film de Farid Bentoumi Un métier bien. Le jury de la compétition long métrage sera présidé par le réalisateur-citrique Saïd Ould Khelifa, tandis que celui des courts métrages par l'actrice-réalisatrice Djamila Amzal. A noter que la cérémonie de remise des Prix sera modérée par l'actrice Laëtitia Eïdo aux cinémas du Grütli. Un focus sur les cinémas des pays du Cham (Levant), à savoir Syrie, Liban, Palestine et Irak est aussi au programme à travers un panorama de films qui rappelle la résistance de ces pays via le 7e art. Au programme aussi il est bon de rappeler les noms des autres films qui mériteraient l'attention du public. On relèvera Fatima de Philipe Faucon, A peine j'ouvre les yeux de Leila Bouzid, Ah les délices de Tokyo! de Naomi Kawase, Narcisse de Sonia Chamkhi, ou encore Very big shot de Mir-Jean Bou Chaaya. Le Fifog 2016 rend aussi hommage à l'éminent acteur égyptien Omar Sharif, décédé en 2015. Sa mort marque la fin d'une carrière de plus de 70 films et de nombreuses récompenses. Pour célébrer le génie de cet acteur, véritable pont entre l'Orient et l'Occident, souligne-t-on le Fifog présente huit de ses films retraçant trois principales étapes de sa carrière: l'égyptienne, l'internationale et le retour au bercail. Il s'agira de Docteur Jivago (Le) de David Lean, Lawrence d'Arabie de David Lean, Lutte sur le Nil de Atef Salem, Eaux noires (Les) de Youssef Chahine, Fleuve de l'amour (Le) d'Ezzedine Zulficar, Marionnettiste (Le) de Hani Lachine et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron. Côté documentaire, le Fifog présente aussi en première mondiale Au coeur du Daech et Libye: Daech aux portes de l'Europe de Kamal Redouani, en plus d'autres films des plus intéressants dont une plongée dans Racont'arts de Yazid Arab. l'on distingue aussi la projection du film court métrage algérien Babor Casanova de Karim Sayad qui figure au milieu d'une panoplie d'excellents films. Bref, le Fifog est un festival qui n'a cessé de se bonifier avec le temps et c'est tant mieux!