100 bibliothèques contenant des ouvrages en tamazigh dans les zaouïas ont été brûlées par l'armée française. Les oeuvres écrites en tamazight par des hommes de religion, des savants et autres scientifiques en caractères araméens ou communément dits arabes se comptent finalement en centaines, voire en milliers. C'est ce qui a été révélé par de nombreux conférenciers qui ont pris part au colloque sur la dimension spirituelle du patrimoine national amazigh à Tizi Ouzou, samedi et dimanche. Aux premiers siècles de l'islam déjà, des dictionnaires, glossaires, des livres de grammaire et autres ouvrages scientifiques ont été écrits en tamazight. Les grandes bibliothèques arabes et européennes en gardent encore des exemplaires pour la postérité, mais une postérité qui semble regarder ailleurs. Des livres scientifiques écrits par des grands savants ayant servi à la renaissance du Vieux Continent dorment encore dans les étalages poussiéreux des bibliothèques. Resté à la merci des étrangers, ce trésor amazigh n'est pas automatiquement entre de bonnes mains. Bien au contraire, plusieurs faits historiques témoignent d'agressions et de mauvaise utilisation. D'abord, l'histoire a démontré que les ouvrages ont été utilisés par des orientalistes qui n'ont pas toujours donné la vraie image des Berbères et des musulmans. Souvent, l'homme amazigh ou musulman est décrit de manière à amoindrir son estime de soi. La période passée sous le joug de la colonisation est une illustration parfaite dont les conséquences ne sont pas près de s'estomper dans beaucoup d'esprits. Cette même colonisation s'est acharnée à détruire ce patrimoine resté entre les mains des autochtones. Lors de la période de la colonisation française, quelque 100 bibliothèques ont été brûlées par l'armée française à travers l'Algérie. Les zaouïas ont été la cible privilégiée des occupants qui y voyaient des entraves pour la marche de leur «histoire future en Algérie». Ces faits historiques révélés par les conférenciers mettent en exergue d'ailleurs l'importance de leurs recommandations toutes pertinentes. En premier lieu, les pouvoirs publics sont appelés donc à passer à la publication de ces centaines d'oeuvres dormantes dans les bibliothèques dans d'autres continents. Les conférenciers ont en effet tous insisté sur la nécessité de sauvegarder ce riche patrimoine par la meilleure manière qui n'est autre que son passage aux générations futures par sa publication. Enfin, notons que le colloque qui revient après une disparition de plusieurs années a mis en relief un fait peu connu des Amazighs eux-mêmes. Leur langue véhicule, sans qu'ils le sachent, un riche patrimoine écrit. En anciens caractères syriaques ou araméens dits communément arabes, tamazight a véhiculé des ouvrages écrits par des scientifiques, des hommes de lettres et des grammairiens. Des centaines, voire des milliers d'ouvrages ont marqué les siècles, mais qui dorment toujours dans les bibliothèques. Tout comme d'ailleurs, les Amazighs contemporains ont su écrire en adoptant des graphiques latins à l'origine phénicienne. Les conférenciers ont également mis en évidence un point marquant, le patrimoine amazigh a toujours su se fondre dans une spiritualité religieuse. Bien plus, il a participé à travers les siècles à l'expansion de l'islam. D'ailleurs, le premier roman écrit en tamazigh contemporain avec des graphiques latins est empreint d'une forte mystique religieuse islamique. Le roman Lwali N Wedrar écrit par Belaïd Ait Ali qui, comble des paradoxes, a eu comme enseignant un Père blanc.