img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160414-18.jpg" alt=""Respectez la présomption d'innocence"" / Se voulant à la fois catégorique et rassurant, le premier responsable du secteur soutient qu'aucun article constitutionnel ne permet au ministre de représenter le pouvoir judiciaire. C'est presque un rappel à l'ordre. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh a fait une mise au point à peine voilée en pleine plénière, aux députés. Dans sa réponse hier, concernant le projet portant sur l'amendement du Code pénal, le premier responsable du secteur a consacré une bonne partie de son discours à recadrer les choses et lever les ambiguïtés en faisant des reproches aux députés. «Respectez la présomption d'innocence et laissez la justice faire son travail», a-t-il martelé sur un ton ferme, allusion faite au retour de Khelil. Certes, le ministre n'a en aucun cas cité des noms, mais il a bien transmis son message aux élus du peuple qui l'ont interpellé en force sur le retour sans tracas de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Les accusations des uns et des autres n'ont pas été du goût du ministre. Ce dernier l'a d'ailleurs manifesté. «Si chacun d'entre nous devient juge et accuse ouvertement des gens à sa guise, les choses deviendront incontrôlables et c'est grave», a-t-il estimé en s'interrogeant. «Où allons- nous ainsi?». M.Louh persiste et signe que «l'indépendance de la justice est un acquis et un principe consacré par la Constitution». «Nous nous sommes battus pour la séparation des pouvoirs et pour que la justice soit libre et il n'est pas question de revenir dessus», a-t-il rappelé en précisant que cet acquis a été consacré par la nouvelle Constitution. Se voulant à la fois catégorique et rassurant, le premier responsable du secteur soutient qu'aucun article constitutionnel ne permet au ministre de représenter le pouvoir judiciaire. «Quel que soit la partie, nul ne peut intervenir dans les affaires de la justice», a-t-il tranché pour lever toute ambiguïté sur son éventuel rôle dans les affaires en cours. Autrement dit, le département de M.Louh n'interfère pas dans la justice qui, selon lui, «traite ses affaires en toute indépendance». Le ministre a saisi cette occasion justement pour inviter les députés à ne plus le saisir sur des affaires personnelles. «Il y a même des députés qui ont des affaires en justice et bénéficient de l'immunité», a-t-il fait savoir avant de se demander: «Dois-je m'immiscer dans les affaires en justice qui concernent les députés? bien sûr que non?». Afin de fermer la parenthèse sur ce sujet qui a suscité un casse-tête chinois pour son département, M.Louh juge que c'est le cas pour toutes les autres affaires. Par ailleurs, le ministre a mis en garde les députés contre cette tendance à remettre en cause et à discréditer les juges, la justice et les institutions législatives. «Je vous prie de ne pas citer de noms des juges», a-t-il réclamé en qualifiant ce comportement de très «grave». M.Louh a précisé que les juges ne sont contrôlés que par leur conscience et par le Conseil supérieur de la magistrature. «Le juge est indépendant. Il n'est pas sous la tutelle du ministère», a-t-il tenu à clarifier en invitant les députés à éviter ce genre de jugement. Poursuivant son «réquisitoire», le ministre reproche aux députés de ne pas transmettre les préoccupations des citoyens. Selon lui, beaucoup d'Algériens ont souffert du problème d'interdiction de quitter le territoire national sans l'ordre de la justice. «Nous n'avions entendu personne évoquer les difficultés et le drame de certains Algériens empêchés de sortie à l'étranger sans aucune argument», a -t-il dit aux députés. M.Louh a assuré que le gouvernement a pris en charge cette question, dans le cadre des réformes engagées et réalisées. «Désormais, cette interdiction sera soumise uniquement à une décision de la justice», a-t-il annoncé en louant toutefois les efforts déployés par le chef de l'Etat dans ce sens. Le ministre a laissé entendre qu'auparavant, ces décisions étaient prises indépendamment de la justice.