Dans le contexte morose que connaît la Kabylie, une loupiote continue cependant de briller dans le ciel de la culture : une association créée par trois amis dont la seule volonté de bien faire sous-tend les activités. Fondée par la conjonction de ces trois volontés, l'association Tussna fait doucement et sûrement son bonhomme de chemin. Malgré les difficultés dans lesquelles s'était débattue la région, Tussna a su grignoter un espace pour, imposer un peu de douceur dans un environnement brutal. Tussna a ainsi organisé six éditions du festival de la poésie, dont la dernière s'était déroulée en décembre 2003 à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Cette édition avait, rappelle-t-on, regroupé douze wilayas. Tussna a également rendu hommage aux chanteurs kabyles disparus. D'abord Taleb Rabah puis beaucoup d'autres, dont El Hasnaoui et Mama Zohra, cette artiste décédée dans un accident de la circulation. L'association a de même mené et avec célérité la reconstruction de la tombe d'un vieux militant du mouvement nationaliste : feu Khelifati Mohand Amokrane, qui repose aujourd'hui à Azrou Ou Kollal, près d'Aïn El Hammam. Tussna n'a jamais manqué de commémorer Novembre et aussi les haltes importantes de la Révolution, comme le 17 Octobre. L'association tient à rappeler à la jeune génération les étapes de la lutte libératrice. Le 16 mars 2004, elle a organisé une rencontre autour de l'un des grands hommes de l'Algérie antique : Saint Augustin. Pour l'occasion et grâce à Tussna, la vie et l'oeuvre du grand homme ont été revisitées. Membre des Bibliothèques associées de l'Unesco depuis 1999, Tussna envisage la prochaine ouverture d'un centre de documentation à Tizi Ouzou-ville, plus précisément au niveau de la rue Khodja-Khaled. Selon son président, M. Lefgoum Ziad, les services de la coopération auprès de l'ambassade de France en Algérie ont fait don de plusieurs ouvrages scientifiques et techniques. Dans ce centre de documentation qui pourrait ouvrir ses portes vers février prochain, et dans un premier temps, seuls les universitaires pourraient consulter ces ouvrages sur place. Les autres lecteurs ne sont pas oubliés puisque le service de lecture à distance via Internet a récemment démarré et cela va permettre au plus grand nombre de participer à cet effort d'enrichissement intellectuel. L'association est par ailleurs à la recherche d'un local assez vaste pou élargir son champ d'action. En sus de la lecture, Tussna envisage pour février le lancement d'une formation sur Internet des responsables d'associations, comme elle pense au projet de formation de bibliothécaires, un projet déjà bien avancé. Tussna a récemment, et en collaboration avec les familles des victimes du terrorisme, commémoré le sixième anniversaire de l'assassinat, en décembre 1994, de quatre pères blancs à Tizi Ouzou. A cette occasion, outre les amis et anciens élèves de ces hommes de religion, l'archevêque d'Alger, Mgr Teissier, était présent et a célébré une messe en la chapelle de Tizi Ouzou en la mémoire des disparus. Lors de cette commémoration, les ambassadeurs de Belgique, d'Italie et de France ont tenu à faire le déplacement à Tizi Ouzou. Comme on le voit, Tussna ne s'arrête pas à la seule promotion du livre et de la lecture, mais touche un peu à tous les domaines de la culture et de l'histoire. Des trois initiateurs, Tussna, qui s'est enrichie de l'apport d'autres adhérents, peut aujourd'hui s'enorgueillir d'être une association qui compte en Kabylie.