Reporters sans frontières (RSF) dévoile l'édition 2016 du Classement mondial de la liberté de la presse. L'Algérie a régressé de 10 places par rapport à l'année dernière. Elle est classée à la 129e place sur une liste de 180 pays en 2016. L'Algérie est arrivée à la 119e place en 2015 contre 121e en 2014. Elle devance le Maroc, mais elle est classée loin derrière la Tunisie. La Tunisie gagne 30 places et s'affiche au 96ème rang au Classement mondial et au premier rang dans le Monde arabe et l'Afrique du Nord en matière de la liberté de la presse. A titre de rappel, le RSF qui développe ses activités depuis la Tunisie, a appelé à la mettre en pratique, et à harmoniser la législation actuelle avec la nouvelle Constitution, dans le respect des Conventions internationales ratifiées par l'Algérie. L'article 41 ter y prévoit la garantie de la liberté de la presse et annule toute peine privative de liberté à l'encontre des journalistes. Le RSF a rappelé que les limites légales telles que l'atteinte au chef de l'Etat, à la sécurité nationale ou encore aux valeurs morales de la nation sont extrêmement inquiétantes du fait de leur imprécision. Dans son analyse, le RSF note que globalement en Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l'évolution générale témoigne d'un climat de peur généralisée et de tensions qui s'ajoutent à une emprise des Etats et des intérêts privés de plus en plus grande sur les rédactions. La région de Mena «demeure l'une des plus difficiles et dangereuses du monde pour les journalistes. Ces derniers y sont en de nombreux endroits pris en étau entre factions, belligérants, groupes radicaux et Etats aux comportements extrêmes, souvent adeptes de stratégies de la terreur». La liste des entraves à la liberté de la presse, qui comprend les lignes traditionnelles à ne pas franchir - liées à la politique (familles dirigeantes) ou à la religion (blasphème, apostasie), ne cesse de s'allonger. Le RSF met en évidence une dégradation profonde et préoccupante de la liberté de la presse dans le monde. Les raisons du recul de la liberté de la presse sont nombreuses: dérive liberticide des gouvernements, comme en Turquie ou en Egypte, prise de contrôle des médias publics, y compris en Europe et en Pologne par exemple, situations sécuritaires de plus en plus tendues, en Libye et au Burundi, ou carrément catastrophiques, comme au Yémen. Partout dans le monde, des «oligarques» rachètent les médias et exercent des pressions qui s'ajoutent à celles des Etats.Pour la France, classée à la 45ème place, le rapport indique que le rachat de médias par des acteurs de la finance et de l'industrie suscite des craintes de «plus en plus grandes» sur l'indépendance éditoriale. La tendance amorcée en Europe lors du classement 2015, à savoir une érosion du modèle, tend à se confirmer en 2016: détournement du contre-espionnage et de la lutte contre le terrorisme, adoption de lois permettant une surveillance à grande échelle, augmentation des conflits d'intérêts, mainmise de plus en plus grande des autorités sur les médias publics et parfois privés, le continent où la liberté de la presse est en moyenne la plus grande ne s'illustre pas par une trajectoire positive. En bas du classement, comme l'an dernier, la Syrie stagne, selon le jugement de RSF, à la 177e place sur 180, juste derrière la Chine (176e), et devant le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e) et l'Erythrée (180e). En Asie, le Japon perd 11 places (72e) à cause de nombreux médias, y compris publics, qui «succombent à l'autocensure vis-à-vis du Premier ministre notamment et sont pris en défaut d'indépendance». La grande majorité des pays d'Asie enregistrent une dégradation significative ou une relative stagnation de leur situation en matière de liberté de la presse. Auparavant considérés comme des modèles régionaux, les démocraties d'Asie orientale déclinent.