Alors que sa grosse filiale, Mobilis, fonctionne toujours avec un intérimaire c'est au tour du groupe AT de voir un intérimaire nommé à sa tête, en l'occurrence Mohamed Sbaâ. Il aura été l'un des P-DG a avoir le plus tenu à la tête d'Algérie télécom ces dernières années, plus de quatre ans, mais voilà que la «malédiction» managériale de l'opérateur historique l'aura rattrapé. Jeudi dernier, alors qu'il était en déplacement à l'intérieur du pays, Azouaou Mehmel a appris sa mise à fin de mission. L'information de ce limogeage a fait le tour des rédactions et des réseaux sociaux durant la matinée, avant qu'elle ne soit confirmée officiellement par la tutelle dans un communiqué. «Mohamed Sbaâ, a été désigné jeudi par le conseil d'administration d'Algérie Télécom (AT) comme président-directeur général de l'entreprise par intérim en remplacement de Azouaou Mehmel», a indiqué le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (Mptic) dans ce communiqué. M.Sbaâ, ingénieur en télécommunications de formation, est «issu du même groupe et a eu à occuper plusieurs responsabilités dont la fonction de chef de la Division des opérations et du développement des réseaux», a ajouté la même source. Les raisons de ce renvoi restent floues. Comme pour Mobilis, le ministère le justifie par la nécessité «d' insuffler une nouvelle dynamique managériale au groupe». Néanmoins, cette fin de mission était dans l'air depuis un bon moment déjà. Comme pour Saâd Damma, l'ex-P-DG de Mobilis, la dégradation de la relation entre la ministre de la Ptic Iman Houda Ferraoun est un secret de Polichinelle. Pourtant, en décembre dernier Azouaou Mehmel avait été conforté par la ministre qui avait dégommé son ennemi juré, Saâd Damma et attribué l'intérim à son protégé Mohamed Habib, mais c'était sans compter sur la malice de la cadette du gouvernement qui ambitionne de rajeunir, à son image, les postes de responsabilité dans son secteur. Il aura réussi donc à convaincre en haut lieu de se débarrasser de ces deux «encombrants managers» dont les bilans catastrophiques ont facilité les choses. Il faut ajouter à cela la volonté du président Bouteflika de «purger» le secteur public de ses vieux briscards. Entamé au mois de mai dernier, avec de grands changements notamment, à Air Algérie et les douanes, ce grand «chantier» se poursuit donc presque un an après! Il avait connu sa deuxième étape au mois de décembre dernier. Un «ménage» d'hiver avait été lancé, avec les changements à la tête de Saidal, l'Etusa, et quelques filiales de la Sonatrach. C'est donc une poursuite de la logique de la stratégie initiée par le chef de l'Etat depuis sa réélection pour un quatrième mandat qui a voulu insuffler un nouveau souffle aux entreprises et institutions publiques. D'autres changements pourraient bientôt suivre dans les prochains jours. On n'est donc pas au bout de nos surprises... Toutefois, cette instabilité chronique qui touche un secteur aussi sensible que les télécommunications est une mauvaise chose pour l'Algérie, déjà très en retard dans le domaine. Ainsi, nos deux plus grandes entreprises de télécommunications se trouvent sans tête. Un vrai désastre au moment où de grands défis les attendent, notamment la 4G, le e et m paiement... Leurs managers intérimaires ont ainsi les mains liées, et ne peuvent prendre librement de grandes décisions! Il faut donc les confirmer ou nommer les vrais P-DG...