Après l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc et la Mauritanie, l'Algérie sera-t-elle le prochain « partenaire privilégié » de l'Alliance atlantique en Méditerranée ? Hier, lors d'un séminaire coorganisé par le Parlement algérien et l'OTAN, placé sous le thème de « La sécurité par le dialogue et le rôle des institutions parlementaires dans l'approfondissement du dialogue méditerranéen », l'OTAN, via son secrétaire général délégué, l'ambassadeur Claudio Bisogniero, a renouvelé son offre de service au gouvernement algérien. Le SG délégué de l'OTAN a clairement signifié à ses interlocuteurs algériens la « nécessité » de passer à un autre niveau de coopération en acceptant un « programme de coopération individualisé », adapté aux besoins et spécificités algériens. Un programme à la carte comme celui proposé aux autres pays de la rive sud de la Méditerranée ayant adhéré au Dialogue méditerranéen (DM) de l'OTAN, comportant plusieurs domaines de coopération civile et militaire et plus de 700 activités. Des « activités » centrées officiellement sur les volets de formation, perfectionnement, échanges d'expertise, etc. sans s'appesantir sur les domaines liés aux opérations militaires conjointes, manœuvres. Devant les membres de l'assemblée parlementaire de l'OTAN, des sénateurs et députés algériens, membres des commissions défense, les officiels algériens, représentés par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Madjid Bouguera, et Mustapha Cheloufi, général à la retraite, président de la commission défense du Sénat, ont chacun réitéré la position algérienne par rapport au contenu à donner au « partenariat » avec l'OTAN et explicité la vision et les attentes algériennes dans ce domaine. Le SG des AE a mis en avant la « disponibilité » de l'Algérie à renforcer le DM, car, dit-il, la « sécurité dans la rive sud de la Méditerranée est intrinsèquement liée à celle du Nord ». Le général Cheloufi est revenu dans son discours d'ouverture (le séminaire se poursuit aujourd'hui au siège du Sénat) sur l'évolution de la perception algérienne de l'Alliance atlantique, empreinte au début de « méfiance », mais que le dialogue méditerranéen a réussi à évacuer. « Les temps ont changé », dit-il. L'Algérie, autrefois pays non-aligné, a adhéré en mars 2000 au Dialogue méditerranéen de l'OTAN pour « jeter les bases d'un dialogue serein et constructif en vue de la consolidation de la paix et de la sécurité dans l'espace euroméditerranéen ». Cette adhésion, rappelons-le, a été suivie par deux visites officielles du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, au siège de l'OTAN, en décembre 2001 et 2002. De hauts responsables de l'OTAN ont également visité, pour une première historique, Alger en 2004 et 2007, donnant lieu à une coopération sans précédent avec l'Alliance atlantique. Une coopération qui prend la forme d'« opérations ciblées », telles qu'elles sont désignées par la partie algérienne, et visant à « asseoir les bases d'une sécurité collective en Méditerranée selon une approche globale de coopération et en complémentarité avec les initiatives euroméditerranéennes sur la sécurité régionale ». Alger participera-t-elle à « Active Endeavour » ? L'Algérie est ainsi associée aux programmes annuels et aux diverses activités de l'OTAN. Avec l'OTAN, l'Algérie a mis sur pied un système d'échange d'informations et les deux parties signent en 2002 un accord sur la sécurité des informations. Mais le domaine de coopération, jugé prioritaire par l'Algérie, est celui relatif à la lutte contre le terrorisme. Un « dialogue bilatéral spécifique » est engagé à cet effet avec l'OTAN et pourrait déboucher entre autres sur la participation de l'Algérie à l'opération « Active Endeavour ». Israël et le Maroc participent avec les navires de l'OTAN à cette opération. Il s'agit, selon l'OTAN, de missions de patrouille en Méditerranée, de surveillance de la navigation et d'escortes dans la traversée du détroit de Gibraltar des navires non militaires, avec pour objectifs de détecter et de décourager les activités terroristes et de s'en protéger. « Active Endeavour » vient en réaction directe aux attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis. L'année dernière, les forces de l'OTAN ont contrôlé plus de 75 000 navires et arraisonné une centaine de bâtiments « suspects ». Selon les déclarations du secrétaire général délégué de l'OTAN, un « échange de lettres » entre le commandement de l'OTAN et les autorités algériennes est en cours en vue d'amener les Algériens à participer à cette opération. Questionné à ce propos, le général Cheloufi est resté très évasif. Peu enthousiaste s'est montré aussi le président de la commission défense à la proposition du secrétaire général délégué de l'OTAN. La coopération renforcée avec l'OTAN ne saurait, selon lui, se concrétiser sans le respect strict de la souveraineté nationale et sans l'arrêt de la politique des deux poids deux mesures que pratique l'Alliance atlantique vis-à-vis de la cause palestinienne.