Un 2e tour à l'image du premier Le chef de file des conservateurs, Gholam-Ali Hadad Adel, avait déclaré que «Téhéran n'est pas l'Iran», tout en appelant à voter «conformément aux objectifs» du premier guide de la révolution islamique, l'imam Khomeiny. Environ 17 millions d'Iraniens se rendront demain aux urnes pour participer au second tour des élections législatives qui va, selon toute vraisemblance, déterminer si le camp modéré et réformateur, soutien du président Hassan Rohani, confirme la percée au premier tour du 26 février dernier. La campagne électorale prend fin ce matin même et on ne peut pas dire qu'elle aura suscité un enthousiasme particulier dans les villes et les zones concernées par un scrutin qui décidera du sort des derniers 68 députés sur les 290 que compte le Parlement. Ainsi, les électeurs des grandes villes comme Tabriz (Nord-Ouest) ou Shiraz (Sud) vont retourner aux urnes, alors que ceux de Téhéran ont déjà confié les 30 sièges aux candidats réformateurs et modérés dès le premier tour. Ce vote réformateur à Téhéran, où tous les sièges étaient détenus par les seuls conservateurs, avait constitué une énorme surprise, le 26 février dernier. Pour se consoler, le chef de file des conservateurs, Gholam-Ali Hadad Adel, avait déclaré que «Téhéran n'est pas l'Iran», tout en appelant à voter «conformément aux objectifs» du premier guide de la révolution islamique, l'imam Khomeiny, et de son successeur, l'ayatollah Ali Khamenei. Il est vrai qu' en province, les résultats du premier tour n'ont pas été aussi éloquents quant au changement de cap des électeurs. Et du coup, les modérés et les réformateurs n'ont pu réellement concrétiser leur envol avec une majorité au Parlement, même si leurs rivaux conservateurs ont perdu l' écrasante majorité dont ils disposaient alors dans l'assemblée sortante. Sur les 290 sièges, 103 ont été remportés par des conservateurs ou proches, 95 sont depuis occupés par des réformateurs-modérés ou proches et 14 par des indépendants dont la tendance politique ne s'est pas encore révélée. Quatre conservateurs modérés, proches des uns et des autres selon les enjeux, mais qui doivent leur élection au soutien des réformateurs et cinq représentants des minorités religieuses sans affiliation politique déclarée ont aussi été élus le 26 février. Restent 69 sièges à pourvoir, avec un bureau invalidé dans une circonscription où une élection partielle sera organisée plus tard. Contrairement à ce que laissait croire le scrutin à Téhéran, où les ultraconservateurs ont été balayés dés le 1er tour, la défaite ne sera pas totale malgré une spectaculaire avancée des réformateurs qui vont peut-être dominer l'Assemblée où ils apporteront un soutien déterminant à la politique d'Infitah du président Rohani. Le président du Parlement sortant, Ali Larijani, conservateur modéré qui a défendu l'accord historique du 14 juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien conclu entre l'Iran et les grandes puissances, pourrait même être réélu au bénéfice de sa vision pragmatique en faveur du changement. Quant à l'ancien président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), nul doute qu'il trouvera dans ces résultats la confirmation de ses choix à l'époque brutalement remis en cause par les conservateurs. Cela dit, l'optimisme est mesuré à Téhéran où l'on attendait beaucoup de l'accord du 16 janvier sur le nucléaire, notamment en ce qui concerne la levée des sanctions internationales qui asphyxient l'économie du pays. L'homme de la rue comme le Guide suprême lui-même ne cachent plus leur irritation face aux lenteurs et aux tergiversations occidentales. Les nouvelles sanctions décidées par les Etats-Unis pour le programme balistique aggravent la méfiance que le président Obama et John Kerry, qui a rencontré Mohammad Javad Zarif à New York, s'efforcent d'apaiser ces derniers jours, avec la promesse d'encourager les banques, notamment européennes, à investir en Iran. Et c'est cette attente qui motivera encore les électeurs dans leur choix de demain, alors que la justice américaine vient à peine de décider la «saisie» de deux milliards de dollars sur les fonds iraniens gelés aux Etats-Unis, une somme «réclamée» par 1 000 victimes et familles de victimes d'attentats «fomentés ou soutenus par Téhéran» qui ripostera avec une plainte devant la CIJ. Autant dire que l'argumentaire des ultraconservateurs demeure puissant tant que la législation draconienne américaine continue de punir l'Iran pour son «soutien au terrorisme», ses «atteintes aux droits de l'homme» et son programme de missiles balistiques.