Gholam Ali Hadad-Adel, le conservateur, a expliqué son retrait par son souhait de « favoriser la victoire » de son camp et Mohammad Reza Aref, le réformateur, s'est désisté pour laisser Hassan Rohani, le seul candidat modéré. Qui aura demain, les « faveurs » des 50,5 millions d'électeurs ? Selon Fars, une agence proche des gardiens de la révolution, aucun des candidats n'aura la majorité au premier tour qui enregistrera un taux de participation de 74 %. Et le second tour se jouera entre Said Jalili, l'actuel négociateur de Téhéran avec les « cinq plus un » sur le dossier du nucléaire et Mohammad-Bagher Ghalibaf, maire de Téhéran. Ce « pronostic » pourrait être faussé : Rohani bénéficie du soutien de toute la famille des réformateurs. Soit quelque 22 millions de voix. En campagne électorale, l'ancien négociateur du dossier nucléaire avec les Européens (2003-2005) n'a pas hésité à se présenter comme le détenteur de la « clé » aux problèmes de son pays. A maintes reprises, il a tiré à boulets rouges sur les violations des droits de l'homme en Iran, l'absence de la liberté de la presse et « le débit faible d'Internet » qu'il juge « pas digne des Iraniens ». Des critiques qui lui ont valu un appui de taille : celui des deux anciens présidents, le réformateur Mohammad Khatami et Akbar Hachémi Rafsandjani, écarté de ce scrutin par le Guide suprême. « Je demande à tout le monde, en particulier les réformateurs et (...) à tous ceux qui veulent la grandeur de notre nation de participer à l'élection » et de voter « pour M. Rohani », écrit Khatami dans son un message aux iraniens. « Je voterai pour le Dr Rohani, qui est entré dans la course après m'avoir consulté. Je le considère comme plus qualifié (que les autres candidats) pour diriger l'exécutif » a-t-il ajouté. Rafsandjani. Rahani n'a pas que la sympathie des réformateurs et des « modérés ». Il a aussi celle de jeunesse qui voyait en Reza Aref, l'espoir du changement, voire du « sauveur » et l'Occident auquel il propose de rétablir la confiance comme il y a dix ans pour régler le « dossier nucléaire » et lever les sanctions économiques qui pèsent sur son pays. Selon l'Agence internationale de l'énergie, ces sanctions ont coûté à l'Iran 40 milliards de dollars en 2012. En face, on réalise à la dernière minute que leurs candidats (Ali Akbar Velayati, Mohsan Rezaïe, Mohammad Gharazi, Said Jalili et Mohammad-Bagher Ghalibaf) ont le même électorat à se partager. D'où, la multiplication hier, des appels aux désistements en faveur du mieux placé. Soit les favoris de l'agence Fars. C'est pour barrer la route du deuxième tour à Rohani expliquent les conservateurs. Selon Ahmadi Moghaddam, le chef de la police, chaque urne sera surveillée par 4 policiers, soit 67 000 au total et les frontières seront fermées pendant quelques jours. C'est pour éviter dit-il, ce qui s'est passé lors de la dernière présidentielle : des milliers de jeunes étaient descendus dans la rue pour contester la réélection d'Ahmadinejad dès le premier tour, le 12 juin 2009.