Ce valeureux combattant est parti emportant dans sa tombe des secrets incommensurables sur la guerre de Libération nationale, lui qui a été au coeur du combat libérateur dans l'Akfadou, au PC de la Wilaya III historique, au côté du colonel Amirouche. Presque sur la pointe des pieds, sans grand bruit et sans fracas, le moudjahid Salih Saâdi est décédé, il y a quatre jours, à Tunis à l'âge de 78 ans. Rapatrié, en Algérie, il a été enterré le 2 mai dernier à Sétif, sa ville natale. Ce valeureux combattant est parti emportant dans sa tombe des secrets incommensurables sur la guerre de Libération nationale, lui qui a été au coeur du combat libérateur dans l'Akfadou, au PC de la Wilaya III historique, au côté du colonel Amirouche auquel il voua d'ailleurs un immense respect. «Le colonel Amirouche n'avait pas fait Saint-Cyr ni les grandes universités, mais il était un stratège hors pair et jouissait d'un charisme exceptionnel», aimait-il répéter. De son côté, le chef de la Wilaya III historique avait pour lui une grande estime. «C'est le colonel Amirouche qui l'avait surnommé Mohand Salah, surnom qu'il gardera tout au long de sa présence au maquis qu'il avait rejoint en 1957, après avoir déserté l'armée française dont il était un officier», témoigne Abdelmadjid Azzi, un de ses compagnons de lutte. Fils d'un cheminot, Salih Saâdi est né le 28 août 1938. Il a rejoint le maquis à l'âge de dix-neuf ans quand il a déserté l'armée française en 1957. Alors que son destin était tout tracé en tant que jeune officier dans une école militaire française, Salih Saâdi prend le sens interdit d'une histoire que voulait imposer l'ordre colonial. Il déserte l'armée français rentre à Sétif et prend attache avec Amirouche qui venait justement de prendre les rênes de la Wilaya III après le départ de Mohammedi Saïd. Il a été pour l'orienter vers la compagnie d'instruction opérant en Zone 3, commandée par le sous-lieutenant Slimani Mohamed dit Moh-Ouali, alias «Chéribibi». Baroudeur, ce dernier était lui également ancien adjudant de l'armée française. Il fait de l'aspirant Salih Saâdi son adjoint et en un temps record ensemble, ils mettent sur pied la compagnie d'élèves sous-officiers pour mener des actions militaires. Tous ses compagnons de lutte lui reconnaissent son courage, son engagement sans limite, ses qualités humaines sans compter son érudition et surtout son sens de l'organisation et de la stratégie militaire accomplies. Salih Saâdi a été blessé à deux reprises sur le champ de bataille et la dernière lui a valu un emprisonnement à Tizi Ouzou jusqu'en 1962. Salih Saâdi figure dans les livres écrits sur la Wilaya III, entre autres ceux de Djoudi Attoumi, Abdelmadjid Azzi ou Saïd Sadi. L'homme a survécu à tous les plans diaboliques de l'armée coloniale en Kabylie. Il s'agissait notamment d'entreprises militaires appuyées par des opérations de diversion psychologique destinées à neutraliser la Wilaya III historique. Les «stratèges» de l'armée coloniale mirent au point, à partir de 1959, une nouvelle tactique de guerre consistant en des opérations militaires de grande envergure, dont l'opération «Jumelles» dans le but d'isoler les maquis de l'ALN de la population. Estimant avoir accompli son noble devoir, celui d'avoir contribué à libérer le pays, le défunt s'est retiré, à l'indépendance, de la vie politique et militaire préférant vaquer à ses occupations civiles. Il s'est retiré d'abord à Oran, ensuite en Tunisie où il finit ses jours à Tunis. «Un combattant émérite» Abdelmadjid Azzi C'est avec une grande tristesse que les moudjahidine de la Wilaya III historique ont appris le décès de mon ami et frère de combat Salih Saâdi dont l'enterrement a eu lieu lundi 2 mai 2016 à Sétif. Le colonel Amirouche avait pour lui une grande estime. Il l'avait surnommé Mohand Salah, surnom qu'il gardera tout au long de sa présence au maquis qu'il avait rejoint en 1957, après avoir déserté l'armée française dont il était un officier. De passage à Sétif, le colonel avait vite fait de le récupérer pour l'orienter vers la compagnie d'instruction opérant en Zone 3, commandée par le sous-lieutenant Slimani Mohamed dit Moh-Ouali, alias «Chéribibi». Pétri de qualités il s'était distingué par son engagement sans limite, son grand courage, ses compétences incontestables dans le domaine militaire, mais aussi par la grande qualité des relations fraternelles qu'il entretenait tout au long de sa présence au sein de la compagnie d'instruction qui a formé de nombreux sous-officiers. Ma première rencontre avec Salih, avait eu lieu à Tikjda, à la colonie de vacances des chemins de fer, où il avait séjourné, en même temps que moi, en compagnie de son frère Salim, pendant les vacances scolaires de 1950. Par la suite, nous nous sommes rencontrés une deuxième fois à la fin de l'année 1957, à Tamezievth, au douar de Tamelaht près de Béni-Mansour, à l'occasion de la réunion du comité de la Zone 2, Wilaya III historique. Il était venu de la région de Sétif ramené par le colonel Amirouche. Une autre rencontre a eu lieu avec Mohand Salah à l'infirmerie du village de Ath-Chilla, au douar Ouzellaguen, où il était venu se soigner d'une blessure à l'abdomen, reçue lors d'un accrochage avec les forces ennemies. J'avais eu le plaisir de le soigner et de le remettre rapidement sur pied, impatient qu'il était de rejoindre son unité, après une courte convalescence passée dans la forêt de l'Akfadou. Notre dernière rencontre fut la visite que je lui ai rendue, il y a quatre ans, à Tunis, où il réside, sans avoir pour autant rompu nos entretiens téléphoniques par l'échange de nouvelles et le rappel de souvenirs de la glorieuse épopée de la guerre de Libération nationale. Rongé par la maladie Mohand Salah s'en est allé paisiblement, après avoir accompli son devoir envers sa patrie. Estimé de tous ceux qui t'ont connu, aimé de ta famille, repose en paix mon frère. Puisse Dieu t'accorder Sa Sainte Miséricorde et t'accueillir en Son Vaste Paradis. «A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.»