«Les colonels Amirouche et Si l'Houes ont été vendus à l'ennemi. Leur mort n'est pas venue comme ça, par hasard. Il y a eu des complicités quelque part. Sinon comment peut-on expliquer le fait qu'il y avaient une armada de journalistes qui étaient venus de France pour couvrir l'opération de ratissage qui s'est soldée par leur mort». C'est ce qu'a déclaré le moudjahid Mohand Sebkhi, un agent de liaison dans les maquis de la wilaya III historique, avant-hier à Boumerdès lors d'une rencontre organisée autour de son livre «Souvenirs d'un rescapé de la wilaya 3», paru en octobre dernier aux éditions Barzakh. L'auteur, natif des Aït Waghlis, dans la vallée de la Soummam, est revenu longuement sur son parcours de moudjahid et sa première rencontre avec le colonel Amirouche après sa nomination à la tête de la wilaya III l'été 1957. Selon lui, la mort de ce grand stratège militaire n'est pas exempte de soupçons. «Personne ne savait ce qu'il allait faire en Tunisie avec le colonel Si El Houes. Avant de partir, il a tenu un discours devant les moudjahidine à Aït Ouabane lors duquel il a évoqué les risques qui menaçaient alors la Révolution en nous demandant de rester vigilants et de continuer le combat jusqu'au bout», a-t-il relaté avec un ton grave qui traduit son amertume et son indignation de ce qu'est advenu de l'Algérie d'aujourd'hui. Dans son livre, cet homme qui s'est engagé dans la lutte de Libération à l'âge de 17 ans, évoque sa tentative «désespérée» de rattraper Amirouche alors qu'il était en route vers la Tunisie pour lui transmettre un message qui lui a été remis par le secrétaire du PC de la wilaya, Tahar Amirouchen. Ce message dont il dit «ignorer le contenu à ce jour», venait, selon des témoignages contenus dans le livre de Said Sadi, de Tunis et signé par Krim Belkacem qui demandait à Si Amirouche de changer sa route. Malheureusement, Mohand et les trois autres moudjahidine qui l'accompagnaient avaient été repérés par l'ennemi en cours de route puis capturés après un violent accrochage. Malgré qu'il ait été touché par 11 projectiles, il a eu le temps de bruler la fameuse correspondance pour qu'elle ne tombe pas entre les mains des officiers de l'armée coloniale. Dans la page 119 de son livre, l'auteur rapporte : «On a enten du dire que Amirouche avait un poste émetteur et que chaque nuit il recevait des messages du MALG qui permettaient de situer son lieu d'arrivée . Les français ont donc déchiffré le code. Ils étudient chaque message envoyé et ils ont choisi le jour, le lieu et l'heure pour abattre le chef de la wilaya III».