Si cette tendance se confirme, Sadiq Khan, 45 ans, grand favori des sondages, pourrait devenir le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale. Le Parti national écossais (SNP, indépendantiste) a remporté une victoire en demi-teinte au Parlement régional d'Ecosse, où il a perdu sa majorité absolue, tandis qu'à Londres, le candidat travailliste Sadiq Khan était en tête selon les premiers décomptes. Après environ un tiers des votes dépouillés jusqu'ici, il devançait son principal adversaire, le conservateur et fils de milliardaire Zac Goldsmith, 41 ans, selon le site officiel de la mairie de Londres consacré aux élections, qui publie un graphique mais ne donne toutefois pas de chiffres. Les résultats finaux étaient attendus en fin de journée. En cas de victoire, Sadiq Khan, député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres où il a grandi en cité HLM, succèderait à l'excentrique conservateur Boris Johnson. En Ecosse, le SNP a décroché 63 sièges sur 129, soit moins bien que les 69 sièges obtenus en 2011 et les 71 sièges que leur prédisaient les derniers sondages. Quelques heures avant l'annonce des résultats finaux, Nicola Sturgeon, la dirigeante du SNP, a revendiqué une «victoire historique» car il s'agit de la troisième élection consécutive remportée par le SNP en Ecosse. Mais le parti indépendantiste ne sera pas en mesure de former un gouvernement majoritaire et devra compter sur l'apport de voix de plus petits partis, comme les Verts (6 sièges, +4), face aux conservateurs qui engrangent 16 sièges de mieux qu'en 2011, avec 31 élus. Cette victoire en demi-teinte du SNP pourrait quelque peu refroidir les revendications indépendantistes du SNP, à moins que le Royaume-Uni ne vote pour une sortie de l'Union européenne lors du référendum sur cette question le 23 juin. Menés par l'atypique Ruth Davidson, à la personnalité chaleureuse et qui ne cache pas son homosexualité, les conservateurs écossais écrasent le Labour qui perd dans son ancien fief 13 sièges, à 24 élus. Ailleurs dans le pays, où se sont tenues diverses élections régionales et locales, les premiers résultats «ne sont pas aussi mauvais pour le parti (travailliste) qu'anticipé par les sondages», a toutefois souligné l'expert électoral John Curtice, de l'université de Strathclyde, sur la BBC. Ainsi, au Pays de Galles, le Parti travailliste a décroché 29 sièges sur 60, contre 30 la dernière fois. Un résultat suffisant pour se maintenir au pouvoir. Le Parti europhobe Ukip fait quant à lui son entrée dans un parlement régional, avec 7 sièges à l'assemblée galloise. Et sur les 81 des 124 municipalités dont les résultats ont déjà été publiés, le Labour a maintenu son contrôle sur 42, en perdant une, tandis que le Parti conservateur en a remporté 20. Les résultats de ces élections sont suivis de très près par une fraction du parti travailliste, qui y cherche une occasion de remettre en cause l'autorité de Jeremy Corbyn, n'ayant pas digéré son élection à la tête du parti en septembre et l'estimant incapable de mener les travaillistes à la victoire aux élections législatives de 2020. D'autant plus que le Labour est déjà en difficulté, après la suspension la semaine dernière de plusieurs membres du parti pour des propos jugés antisémites, dont une députée et l'ex-maire de Londres, Ken Livingstone, un proche de M. Corbyn. Au cours d'une campagne âpre, voire calomnieuse, le Parti conservateur ne s'est d'ailleurs pas gêné pour alimenter la polémique sur l'antisémitisme au sein du Labour ou pour accuser Sadiq Khan, ancien avocat des droits de l'Homme, d'avoir fréquenté des extrémistes islamistes. Ces attaques ont même été relayées par le Premier ministre David Cameron la veille du scrutin. Au vu des premiers résultats, Jeremy Corbyn s'est montré plutôt satisfait. «Nous devons beaucoup travailler» en Ecosse mais «nous tenons bon» en Angleterre, a-t-il déclaré sous l'acclamation de militants à Sheffield.