Le docteur, Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), revient dans cet entretien accordé à L'Expression sur le conflit qui oppose son syndicat au ministère de la Santé et les derniers incidents qui ont marqué le sit-in des praticiens de la santé le 4 mai dernier au CHU Mustapha. L'Expression: Lors de la dernière assemblée générale du syndicat, vous avez opté pour le retour à la protestation, pouvez-vous nous expliquer les motifs qui vous ont poussé à prendre une telle décision? Dr Lyes Merabet: Nous, nous croyons au dialogue et à la concertation comme seul moyen de résoudre les problèmes de la corporation, malheureusement toutes les voies ont été fermées devant nous et nous n'avions trouvé aucune autre alternative pour faire entendre notre voix, que celle de la grève. Cette situation conflictuelle entre le ministère de la Santé et le Syndicat national des praticiens de la santé publique s'explique par le refus du ministère de la Santé de recevoir les représentants du syndicat et la fermeture des portes du dialogue et de la concertation. Nous avons conclu un accord avec la tutelle le 5 mai 2015 et ce dernier s'est engagé dans la prise en charge de la majorité des points exposés dans la plate-forme de revendications du syndicat. Un an après, on se retrouve dans la même situation, les mêmes problèmes persistent. Ce qui explique en partie l'absence d'une volonté d'aller vers la résolution de la situation. Ce qui laisse dire que nous n'avons pas des responsables convaincus de leur mission. Le ministère de la Santé a indiqué récemment que son département a consenti de grands efforts pour la prise en charge des revendications du personnel de la santé, qu'en est-il de leur application sur le terrain? Entre le discours du ministère de la Santé et son application sur le terrain, il y a un énorme écart. A titre d'exemple, je peux vous citer le problème de la sécurité à l'intérieur des établissements hospitaliers dont le ministère de la Santé avait déclaré que son département avait opté pour la vidéo surveillance, mais jusqu'à présent nous n'avons rien vu sur le terrain. Le deuxième point en relation avec la préservation d'un reliquat de l'ancienneté pour les praticiens concernés par la non-application de l'instruction du Premier ministre sur l'organisation d'un concours dont on attend toujours son application sur le terrain et la révision du statut particulier, tous ces dossiers sont en suspens, et on ajoute à cela le comportement indigne et irresponsable du directeur général du CHU Mustapha. Après cet acte, nous avons jugé que nous devons agir pour la préservation de la dignité du personnel de la santé, espérant que notre appel sera entendu par le ministère de la Santé et les hauts responsables de l'Etat dont le Premier ministre Abdelmalek Sellal. On n'est pas des voyous. Comment expliquez-vous ce retard enregistré dans la prise en charge de votre plate-forme de revendications? Il y a un manque de sérieux dans la démarche du ministère de la Santé. Certains cadres de la commission centrale chargée de ce dossier s'occupent plus de la gestion de leur carrière que des problèmes exposés par les syndicats. Une année après on se retrouve dans la gestion des conflits au lieu de la résolution au niveau de leur département. Le ministre de la Santé a déjà instruit les chefs des établissements hospitalo-universitaires de favoriser le dialogue et la concertation, alors que ce dernier fait l'inverse et a bel et bien enfreint la règle qu'il a voulu imposer à son arrivée à la tête du département de la santé. A vrai dire, entre le discours et la pratique il y a un énorme écart, pour remédier à la situation il faut mettre en oeuvre une véritable politique sanitaire qui vise l'amélioration de la situation dans le secteur.