L'énorme vague qu'ont soulevé les «Panama Papers» - dernier scandale financier en date - remet à l'ordre du jour les «paradis» fiscaux, bancaires, judiciaires et autres zones offshore. En principe légaux, ils permettent aux détenteurs de confortables portefeuilles financiers d'échapper aux impôts, taxes et autres participations au développement intrinsèque de leur pays. Que ceux-ci soient multimilliardaires ou seulement millionnaires, les paradis fiscaux et zones offshore mettent à leur disposition des cabinets d'avocats spécialisés, genre «Mossack Fonseca» qui font les Unes de la presse mondiale actuellement. Aussi, le phénomène de l'évitement fiscal est-il devenu un véritable fléau pour les gouvernements. Sans doute, mais ces derniers ne sont-ils pas les premiers coupables d'une situation que, certes, il déplorent mais n'en sont pas moins les dépositaires? A titre d'exemple, les îles Vierges, Jersey, Man, Guernesey, Caïmans, sièges de paradis fiscaux les plus courus, sont des territoires dépendants de la couronne britannique. L'actuel Premier ministre britannique, David Cameron, a dû admettre qu'il avait détenu des parts dans un fonds offshore qui a appartenu à son père aux îles Vierges britanniques. Ainsi, les paradis fiscaux qui ne sont pas des entités clandestines, travaillent en collaboration avec les principales banques, et offices touchant de près ou de loin à la manipulation de l'argent. L'évasion fiscale n'est donc pas le propre à tel ou tel pays [on cite à juste titre les pays en développement comme étant gangrenés par la corruption], mais a une corrélation internationale marquée par des paradis fiscaux dont l'existence est curieusement facilitée par des législations obligeantes. Ce sont donc les Etats qui, par des lois imprécises, créent ou facilitent la création d'entités qui permettent à des nationaux de se soustraire au devoir de verser une dîme au Trésor public. Les impôts et les taxes sont parmi les principales sources d'argent de l'Etat. Or, les plus riches sont exonérés, quand ils ne refusent pas ce geste de solidarité nationale. Aussi, les paradis fiscaux et les zones offshore s'adressent-ils à une clientèle super-riche, soucieuse de soustraire sa fortune aux instances financières du pays. C'est bien de cela qu'il s'agit, car plutôt que d'investir dans son pays (c'est plutôt vrai pour les pays en développement), le riche cherche à planquer son argent ailleurs, réinvestissant à l'étranger ce qu'il gagne dans son pays. Des patrons d'industries ayant fait fortune au pays - souvent grâce à l'aide de l'Etat - ne réinvestissent pas localement pour aider, notamment, au développement, en ces temps de crise économique. Des dignitaires et/ou des ressortissants de pays, réputés pauvres, sont eux-mêmes très riches et clients de ces paradis fiscaux. Nous noterons que parmi les listes dévoilées récemment figurent des Algériens, et étrangement, une banque nationale: la BEA. On peut toujours, connaissant le niveau de développement de notre pays, nous demander d'où ils détiennent-ils ces fortunes? Des richesses sans raisons? Des questions auxquelles l'Etat aura [devra] sans doute [à] répondre. Certes, nous sommes dans l'ère de la globalisation, mais pourquoi enrichir ceux qui, déjà, ne savent que faire de leurs immenses fortunes? Cela est vrai pour l'Afrique qui, pourtant, a tellement besoin de cet argent pour booster son développement, pour donner à chacun la chance de se réaliser sans mettre en danger la stabilité de ses Etats. Pourquoi les pays africains doivent-ils emprunter de l'argent aux banques et institutions financières internationales (FMI, BM...) au prix fort (le service de la dette est plus important que la dette elle-même, l'Algérie en connaît quelque chose) quand leurs ressortissants brassent des fortunes qu'ils investissent dans des pays riches comme la France, le Canada, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, au détriment de l'Afrique et des Africains? Une étude, datant de 2010, du think tank états-unien, «Global Financial Integrity», estime que 854 milliards de dollars ont été illégalement transférés d'Afrique vers le monde développé. D'autres sources évoquent une perte sèche pour l'Afrique de 1800 milliards de dollars. Les paradis fiscaux et les zones offshore sont au coeur des scandales financiers ces dernières années et si - répétons-le - ce n'est pas une spécificité africaine [même si des riches Africains les alimentent de leur argent] il n'en reste pas moins que ces sorties illégales de devises ont des conséquences néfastes sur le développement de l'Afrique, continent riche, mais cependant dépendant de l'aide de ceux-là qui l'exploitent. Alors, comment aider l'argent africain à quitter les paradis fiscaux pour retourner au bercail? C'est possible! La démocratie, avec en filigrane pour les Africains de pouvoir investir, de s'investir en toute transparence dans le développement de leurs pays. A l'évidence, nous n'en sommes pas là!