La situation est d'autant plus préoccupante que le réseau d'AEP a récemment été «retapé» par les autorités. Selon des sources médicales locales, la wilaya de Skikda a enregistré, dans le courant de l'année passée, pas moins de 1400 cas de MTH (maladies à transmission hydrique), dont une large majorité de fièvre typhoïde. La situation, expliquent nos sources, «est d'autant plus préoccupante que le réseau d'AEP (alimentation en eau potable) a été refait à neuf au niveau du chef-lieu de wilaya, il y a de cela à peine trois années». Il semble que si autant de cas sont signalés, c'est que les matériaux utilisés ne sont pas conformes aux normes en matière de réalisation de ce genre de réseaux. Il y a également le fameux phénomène de «cross connexion» dans lequel les conduites d'évacuation des eaux usées se mélangent à l'eau potable. Ce n'est pas tout. Bien souvent, les stations d'épuration des eaux se révèlent défaillantes à un moment où même l'eau continue de faire défaut dans cette wilaya où il est question de mettre en place une station de dessalement d'eau de mer, mais aussi des conduites destinées à ramener de l'eau à partir d'autres wilayas du pays, notamment Annaba et Guelma. Il convient de relever, en outre, que le manque de civisme et d'hygiène chez les citoyens favorise grandement la prolifération des MTH, bien souvent liées aux intoxications alimentaires même si, relèvent encore nos sources, «ces seconds cas sont autrement plus fréquents durant la saison chaude à cause de la prolifération bactérienne favorisée par les hautes températures». Pour ne rester que dans le cas de la typhoïde, le coût de prise en charge d'un seul cas s'élève à 120.000 DA. La wilaya de Skikda a donc dépensé dans le courant de l'année passée la bagatelle de près de 170 millions de dinars, afin de prendre en charge cette maladie. Fort heureusement, aucun décès n'a été enregistré. Sur le plan de l'alimentation en eau potable, nous apprenons, de sources proches des services concernés au niveau de la wilaya de Skikda, que l'alimentation en eau potable et industrielle de certaines régions dans la wilaya, sera désormais assurée par des ressources situées dans son voisinage géographique, en l'occurrence les wilayas de Skikda, El Tarf et Guelma. La même source ajoute que «la demande en eau potable et industrielle est de 235.000 mètres cubes/jour pour des prélèvements de 173.000 mètres cubes/jour, ce qui laisse quand même un déficit de 62.000 mètres cubes quotidiennement». Ainsi, les barrages de Mexa et de Bougous, en cours de réalisation dans la wilaya d'El-Tarf, permettront de combler ce déficit à court et à moyen terme. L'affectation d'une nouvelle ressource de 18 hectomètres cubes/par an à partir du barrage de Hammam Debagh, dans la wilaya de Guelma, et de celui de Zit El Anba, dans la wilaya de Skikda, constitue également un apport important pour répondre à la demande en eau des localités implantées au sud et à l'ouest de la wilaya. Les entreprises chinoises, de leur côté, restent leaders dans le domaine des investissements hydrauliques au niveau des wilayas du nord-est du pays, notamment à Skikda. C'est ainsi que nous apprenons que le groupe chinois CGC vient de remporter trois contrats d'un montant global de 80 millions d'euros pour la réalisation des travaux de transfert du barrage de Beni Haroun destinés à alimenter en eau potable certaines régions défavorisées de Skikda, Constantine et de Mila. De son côté, Sinohydro, une autre entreprise chinoise, réalisera dans un futur proche, des travaux de réaménagement hydro-agricoles sur un périmètre de 2516 hectares. L'ensemble de ces projets, s'ils doivent permettre de régler en grande partie la problématique de l'alimentation en eau potable dans cette wilaya, ne mettront toutefois pas fin aux MTH tant que des mesures strictes ne seront pas prises par les autorités en matière de lutte contre ce problème.