Le scénario du pire est-il envisageable ? Face au risque d'« explosion » évoqué par l'opposition, le président vénézuélien, Maduro, se prépare à une guerre larvée inscrite dans le plan de déstabilisation des « courants progressistes en Amérique latine ». Le processus de destitution de son homologue brésilienne, Dilma Roussef, marque-t-elle le retour de la guerre froide ? Devant des milliers de ses partisans rassemblés au centre de la capitale, Caracas, il a ainsi alerté sur l'appel à une « intervention armée », lancé par le président colombien Alvaro Uribe, lors d'une rencontre tenue avec les dirigeants de l'opposition à Miami, en présence du secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, accusé d'être au service des Etats Unis. Face à cette « agression extérieure », le président vénézuélien a décrété l'« état d'exception et d'urgence économique ». « Dans le cadre de ce décret en vigueur (...), nous prenons toutes les mesures pour récupérer l'appareil productif qui est paralysé par la bourgeoisie (...) Quiconque veut arrêter (la production) pour saboter le pays devrait partir et ceux qui le font doivent être menottés et envoyés à la PGV (Prison générale du Venezuela) », a déclaré M. Maduro annonçant le début, le 21 mai, « des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice pour nous préparer à n'importe quel scénario ». Le décret sur l'état d'exception est prorogé pour les mois de mai à juillet le « décret d'urgence économique » est appelé à être constitutionnellement reconduit pendant l' année 2016 », a assuré M. Maduro, pour protéger l'appareil de production et éviter l'effondrement du pays frappé de plein fouet par la chute des cours du brut. Le bras de fer se durcit dans un climat de tensions accrues. De son côté, l'opposition crie au blocage du référendum révocatoire. « Si vous verrouillez la voie démocratique, nous ne savons pas ce qui peut se passer dans ce pays. Le Venezuela est une bombe qui peut exploser à tout moment », a lancé le chef de l'opposition Henrique Caprices, qui s'exprimait lui aussi devant des milliers de personnes venues manifester dans l'est de Caracas à l'appel de la coalition d'opposition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement. La crise politique s'accentue, notamment depuis la collecte, début mai, de 1,8 million de signatures en faveur du référendum qu'elle souhaite organiser d'ici à fin 2016 pour permettre de nouvelles élections, dans le cas où le « oui » l'emporterait. Si toutefois, l'échéance est reportée jusqu'au 10 janvier, l'issue ne peut conduire qu'au remplacement De M. Maduro par son vice-président Aristobulo Isturiz, membre du même parti. Tel est l'enjeu du projet de destitution, comparable à bien des égards au précédent brésilien et, si l'on croit des responsables des services de renseignement américains cités par Le Washington Post, pouvant conduire au renversement du gouvernement chaviste par une insurrection populaire cette année.