S'il est impossible de faire une omelette sans casser d'oeufs, il est également proscrit de tenir un congrès sans qu'il y ait des sacrifiés. Ni vainqueur, ni vaincu. Telle est la formule choisie par la commission des cinq, conduite par Belkhadem, dans le but d'amener les frères ennemis des deux camps à accepter de se regrouper sous la houlette d'une unique direction qui fasse consensus, notamment grâce à la présence de Bouteflika. Ce n'est pas pour rien, du reste, si le slogan du congrès, qui s'ouvre ce matin à la Coupole, s'inscrit sous le signe de l'union, la réconciliation et la continuité. Union et réconciliation n'ont guère besoin d'être explicitées. Continuité, en revanche, sous-entend «oubli» de la période de crise qu'a vécue ce parti, et des «erreurs» commises entre 2002 et 2004 jusqu'à mettre en péril la survie même du FLN. Si l'écrasante majorité a accepté ces «règles du jeu», les mécontents n'en continuent pas moins à se démener, dans l'espoir de stopper une machine désormais bien remise sur les rails. Les mécontents dans les rangs des redresseurs, de moins en moins nombreux, après avoir longtemps joui du soutien discret mais efficace de nombreux ministres de la République, sont générés par ce sentiment que «les résolutions prises lors de la rencontre de Djelfa ont été abandonnées». Mieux, les anciens pro-Benflis, bien mieux organisés, ont réussi à se replacer très convenablement pour se trouver en position de force au sein des congressistes de ce matin. L'ensemble des recours introduits par les redresseurs auprès de Saïd Bouhadja auraient essuyé une fin de non-recevoir ne souffrant aucune forme d'appel. Si ces rejets sont justifiés par le fait que les arguments brandis sont bien souvent «puérils», les mécontents ne l'entendent pas de cette oreille. Ils parlent, eux, d'échec du «mouvement de redressement» et de «simple report de la crise» dont la résurgence est juste une question de temps. Cela n'est pas si vrai que cela, si l'on en croit les responsables de l'organisation de ce congrès. «Cette crise, qui arrangeait parfaitement les intérêts de nos adversaires, nous a fait beaucoup de mal, affectant au passage le fonctionnement des institutions de la République puisque le FLN est majoritaire dans presque toutes les assemblées élues du pays». C'est pour cette raison que nous avons oeuvré par tous les moyens à en finir. Il apparaît ainsi que «le FLN, qui appartient à tous, se devait de ne pas verser dans l'exclusion et d'appliquer à lui-même la réconciliation qu'il s'apprête à défendre lors de la campagne référendaire, en acceptant que les deux camps mettent chacun de son côté, un peu d'eau dans son vin, même si ce sont les idées et idéaux politiques des anciens redresseurs qui prendront le dessus, quitte à ce qu'ils soient appliqués par les représentants des deux camps». C'est pour cette raison, donc, qu'il ne saurait y avoir de place pour les «extrémistes» des deux bords dans le FLN de demain. Mieux, les réconciliateurs d'hier, victimes d'un coup d'Etat prétendument scientifique et traités de tous les noms d'oiseaux, auront de nouveau droit de cité et occuperont de nombreux postes de commande afin d'être aux premiers rangs de la prochaine campagne référendaire. Pour tous, les jeux sont désormais faits, bien et définitivement faits.