La multiplication des attentats terroristes s'est soldée hier par pas moins d'une dizaine de morts. Les élections générales multipartites irakiennes ont débuté à l'étranger sous haute surveillance. Au total, près de 280.000 expatriés irakiens se sont inscrits sur les listes électorales, a annoncé mercredi l'Organisation internationale des migrations (OIM) à la clôture des inscriptions. L'organisation chargée de superviser ce scrutin avait annoncé s'attendre que près d'un million d'Irakiens de l'étranger s'inscrivent pour les élections. Les élections ont lieu en Australie, en Grande-Bretagne, au Canada, au Danemark, en France, en Allemagne, en Iran, aux Pays-Bas, en Suède, en Syrie, en Turquie, aux Emirats arabes unis, aux Etats-Unis et en Jordanie. Décalage horaire oblige, les Irakiens d'Australie ont été les premiers à déposer leur bulletin dans l'urne, dans une ambiance de liesse populaire et de fierté retrouvée. La multiplication des attentats terroristes, notamment contre les forces de sécurité irakiennes et les bureaux de vote, s'est soldée, hier, par pas moins d'une dizaine de morts. En effet, quatre personnes ont été tuées et une a été blessée dans un attentat à la voiture piégée, perpétré près de la centrale thermique de Doura, dans le sud de Bagdad. Par ailleurs, un policier irakien a été tué et deux civils ont été blessés dans des attaques contre six bureaux de vote depuis jeudi soir, au nord de la capitale irakienne. Un policier irakien a été tué et deux civils ont été blessés Bagdad, a indiqué vendredi la police. Un policier a été tué dans une attaque, hier matin, contre un bureau de vote à Kirkouk. Par ailleurs, un civil a été blessé dans une attaque contre un autre bureau de vote à Al-Dour. Trois autres bureaux de vote ont été attaqués au nord de Bagdad depuis jeudi soir, sans faire de victime, selon la police. Par ailleurs, un soldat irakien a été tué et un autre blessé dans l'explosion d'une mine au passage de leur patrouille jeudi soir à l'est de Samara (120 km au nord de Bagdad), a affirmé le capitaine de la police Thamer Ahmad. Depuis le début de la semaine, près d'une quarantaine de bureaux de vote ont été attaqués, surtout au nord de la capitale où la guérilla est active. Des groupes islamistes, dont celui d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, ont multiplié les menaces contre les électeurs et les candidats, à l'approche du scrutin de demain. Déjà, pour parer à tout éventuel attentat le jour du scrutin, le gouverneur de Mossoul a décidé d'instaurer un couvre-feu total pendant quatre jours dans la ville du nord de l'Irak, afin d'éviter des attaques lors des élections générales. Des soldats américains et irakiens ont établi des cordons autour de plusieurs écoles de la ville, pour y installer des bureaux de vote. Un dispositif imposé par la multiplication, ces derniers jours, d'attaques sanglantes dans la ville où de nombreux communiqués de groupes islamistes ont été distribués à la population, la menaçant des pires réprimandes, si elle participe au vote. Pour sa part, le président américain G.W.Bush a, tout en demandant à la population d'aller voter en masse indiqué que les troupes américaines quitteront l'Irak si les dirigeants élus à l'issue des élections de dimanche, demandent leur retrait, a déclaré le président américain George W. Bush dans une interview publiée, hier, par le New York Times. M.Bush a toutefois ajouté qu'il s'attendait à ce qu'on demande aux troupes américaines de rester, émettant l'espoir qu'elles soient considérées comme des soutiens «et non pas comme des occupants». Le président américain a reconnu que les troupes américaines avaient un sérieux problème d'image en Irak. «La question fondamentale (...) c'est de trouver le moyen à ce que les citoyens irakiens considèrent les troupes américaines comme une aide et non pas comme des occupants», a expliqué M.Bush. Enfin, une question s'impose, en raison de la complexité de la situation et de la nature de la diversité de l'électorat irakien : combien d'Irakiens iront voter demain et dans quelle région de leur pays? De la réponse à cette question dépendra la crédibilité d'un scrutin considéré comme essentiel pour l'avenir de l'Irak. Les spécialistes prévoient déjà une désaffection de l'électorat sunnite appelé à boycotter le scrutin, une participation minimale dans les régions où les sunnites ont une forte présence et où la guérilla multiplie les attaques contre les bureaux de vote et les intimidations contre candidats et électeurs.