L'affaire porte le sceau d'un appel au meurtre lancé ouvertement et violemment par un islamiste contre un...journaliste-écrivain. L'affaire opposant le journaliste écrivain Kamel Daoud au salafiste Abdelfattah Hamadache Zirari sera débattue par la justice de la cour d'appel d'Oran en fin de ce mois, le 31 mai. En plus du procureur du tribunal d'Oran, le journaliste Kamel Daoud se constituant en partie civile et l'accusé Abdelfattah Hamadache ont de nouveau recouru à la justice devant trancher cette affaire reposant essentiellement sur l'appel au meurtre proféré par le salafiste islamiste Abdelfattah Hamadache. Celui-ci a, dans le premier procès, été jugé et condamné à une peine de six mois de prison dont trois mois avec sursis et un dinar symbolique. L'avocat général près la 7e section pénale près le tribunal correctionnel d'Oran, lui, a requis six mois de prison ferme et une amende de 50 000 dinars. Le procès a été tenu sans assistance judiciaire, du moins pour le chef du parti islamiste non agréé qui a opté pour assurer sa propre défense en jugeant inutile de faire appel aux services d'un quelconque avocat devant le défendre. La sentence prononcée à son encontre, qui n'était pas satisfaisante pour toutes les parties a, du moins, quelque peu soulagé tous ceux et celles qui ont suivi, dénoncé et vivement condamné l'appel au meurtre lancé par le salafiste Abdelfattah Hamadache contre l'écrivain en décembre 2014. Une telle affaire n'est pas des moindres ni encore un simple fait divers. Elle repose essentiellement sur une accusation gravissime. Elle porte le sceau d'un appel au meurtre lancé ouvertement et violemment par un islamiste contre un...journaliste-écrivain. Kamel Daoud, lui, n'a pas trop tardé pour riposter en s'en remettant aux mains de la justice vu la gravité de tels propos et la sortie violente d'un prédicateur guidant un parti non agréé par la législation algérienne. Une telle menace n'est pas non plus un simple dérapage à réparer à coups de simples déclarations. L'appel au meurtre contre Kamel Daoud a été lancé par un homme ayant usé et abusé d'un verbe à la fois agressif et ouvertement offensif transgressant de bout en bout les lois régissant le respect de la liberté d'autrui en se mettant à la place de l'avocat et du juge en appelant au... meurtre contre Kamel Daoud. Une simple invective ou encore une simple insulte est sévèrement réprimée par la loi algérienne. Qu'en est-il alors de l'appel au meurtre lorsqu'il est proféré consciemment. La justice, ayant déjà répondu lors du premier procès répondra inéluctablement à une telle question lors du procès en appel. Pour le journaliste-écrivain, sa déposition est explicite, elle porte dans ses dimensions le droit de protection contre une telle violence proférée à son encontre par un individu ayant agi de telle sorte sans mesurer le poids de son appel au... meurtre. L'appel de Hamadache Abdelfattah Zirari constitue un antécédent grave qui avait soulevé l'ire et l'indignation de l'opinion publique qui s'est mobilisée appelant à mettre un terme à de pareils comportements et appels. D'autant que l'accusé signe et persiste dans ses dires tout en ne niant pas les faits qui lui ont été reprochés aussi bien pendant les premiers rounds de l'enquête que pendant son procès. Me Abderezzak Fodil, avocat de Kamel Daoud, a, dans une déclaration récente faite à la presse, indiqué que «le procès intenté a pour but essentiel la réparation morale pour le préjudice qui a été porté à l'écrivain». «Nous ne nous occupons pas de réparations matérielles, mais nous souhaitons que l'accusé soit puni par la justice du pays», a-t-il précisé. L'affaire remonte à décembre 2014 lorsque le salafiste Abdelfattah Hamadache, a émis sur Facebook, un appel au meurtre contre le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud, le qualifiant d' «apostat» et de «sionisé» qui insulte Allah et le Coran et combat l'islam. Peu de temps après, Abdelfattah Hamadache s'est rétracté en rayant un post virulent qu'il avait publié et dans lequel il écrivait que du point de vue du Front de la sahwa islamique «si la 'charia'' islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie contre Kamel Daoud». Plus grave encore, il a osé dans ses propos associer le régime algérien, l'appelant à condamner Daoud «à être exécuté publiquement pour sa guerre contre l'islam». Affaire à suivre.