Une journée après ce rendez-vous historique, les interrogations sur l'avenir du pays commencent. L'Irak vient de gagner la première manche d'un grand pari pour son avenir. Les élections qui se sont déroulées hier, ont été qualifiées unanimement de réussies par la communauté internationale. Environ 60 % des Irakiens ont bravé la peur et les menaces de la résistance pour participer aux premières élections libres. Les Irakiens étaient appelés à désigner les 275 membres de l'Assemblée nationale provisoire, chargée de rédiger la future Constitution, ainsi que 18 assemblées provinciales. L'Assemblée nationale désignera un président et deux vice-présidents, qui nommeront un Premier ministre et un gouvernement qui servira jusqu'à la tenue de nouvelles élections en novembre 2005. Une journée après ces élections, les interrogations sur l'avenir du pays commencent. Les politiciens irakiens ont commencé à négocier la composition du nouveau gouvernement, au lendemain du vote historique qui devrait conduire à une coalition entre chiites, Kurdes et partisans du Premier ministre, Iyad Allaoui. Les élus irakiens auront d'abord à vaincre la violence, ensuite rallier les sunnites au processus politique. Les sunnites, qui ont dominé l'Irak sous le régime du président déchu, Saddam Hussein, ont appelé à boycotter le scrutin. Certains membres de la communauté, qui animent la résistance armée, ont le sentiment d'avoir été marginalisés par la nouvelle conjoncture. Leur participation au processus politique sera fondamentale pour un retour au calme dans le pays, selon de nombreux responsables et observateurs qui estiment que le plus dur reste à venir. Le principal maître d'oeuvre «du test irakien», le président américain G. W. Bush, tout en se réjouissant du succès des élections, a souligné que le chemin restait long. «En participant à des élections libres, les Irakiens ont fermement rejeté l'idéologie antidémocratique des terroristes», a-t-il dit, estimant que «les Irakiens eux-mêmes ont fait de cette élection un succès éclatant». La communauté internationale a salué les élections en Irak comme un pas important vers la démocratie, mais s'interroge elle aussi sur la suite du processus dans un pays où les attentats sont le lot quotidien, malgré la présence des forces de la coalition. Les autorités électorales espèrent pouvoir publier les résultats préliminaires d'ici à six ou sept jours, et les résultats définitifs dans une dizaine de jours. Mais, d'ores et déjà, les chefs spirituels et politiques de la communauté chiite ont encouragé les leurs à aller voter, et devraient remporter ces élections. La participation élevée devrait conforter la légitimité du pouvoir qui sortira des urnes, les chiites, majoritaires mais opprimés sous l'ancien régime de Saddam. La liste soutenue par le grand ayatollah Ali Sistani, le plus haut dignitaire chiite irakien, est donnée favorite parmi les 111 listes en compétition, même si elle ne recueillera sans doute pas la majorité requise pour former seule un gouvernement. La majorité chiite représente 60 % des 26 millions d'Irakiens. Du côté des partis kurdes qui ont formé une alliance dans le Nord, la mobilisation était également très forte. Les Kurdes désirent d'obtenir plus d'influence après avoir été marginalisés pendant les 34 ans de pouvoir du parti Baath. Ils ont affirmé qu'ils arrivaient en tête dans cette zone jouissant d'une autonomie de fait. Selon des résultats provisoires, la liste commune du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) recueille le meilleur score à Souleimaniyah et Erbil.