Le diplomate américain préfère le qualificatif de présence militaire à celui de forces d'occupation. M. Richard W. Erdman, ambassadeur des USA à Alger, a affirmé que les Etats-Unis n'ont jamais fait d'erreurs stratégiques quand il s'agit des grands rendez-vous de l'histoire. «Il nous arrive de faire des erreurs tactiques mais jamais d'erreurs stratégiques», a déclaré M.Erdman, parlant des élections qui ont eu lieu en Irak, au cours d'un déjeuner qu'il a organisé hier, à la résidence de son ambassade avec des journalistes de la presse nationale écrite. «Nous avons participé à la Première Guerre mondiale, nous avons vaincu le fascisme et le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale, on a instauré la démocratie en Allemagne (ex-RFA), au Japon, aux Philippines et en Corée du Sud» a rappelé l'ambassadeur tout en rejetant le vocable de l'occupation des forces de la coalition en Irak: «Je parle le langage diplomatique et je dirai qu'il s'agit d'une présence militaire sous l'égide d'une résolution du Conseil de sécurité», a-t-il rectifié dans une discussion à bâtons rompus, avant de demander si la presse algérienne qualifie d'occupation «la présence des forces militaires syriennes au Liban» encore que selon lui, les services syriens font pratiquement «main basse sur toute la vie politique au Liban». Tout comme le président américain, George W. Bush, l'ambassadeur s'est réjoui du déroulement de l'issue du scrutin hautement risqué. Aussi, Richard W. Erdman a indiqué que la réussite de ce scrutin a été un véritable déclic pour l'administration américaine. «Après une période de doutes et d'hésitations, maintenant nous croyons à des jours meilleurs en Irak pour peu que les Irakiens s'y mettent». La donne sunnite n'a pas été en reste dans cette discussion. Pour l'ambassadeur, rien n'est encore fait et «les sunnites ont encore devant eux plusieurs échéances et occasions pour participer à la vie politique en Irak». Il s'agit du référendum sur la Constitution qui interviendrait dans les prochains mois, de la composante du gouvernement et des élections générales qui auront lieu en novembre 2005. Ce nouveau démarrage en Irak sera un exemple pour les autres régimes et les peuples arabes qui vont certainement s'en inspirer, a encore prévu l'ambassadeur. Le diplomate américain va plus loin dans son analyse quand il affirme notamment : «Désormais il n' y a plus de dichotomie entre la sécurité nationale des Etats-Unis et l'instauration des régimes démocratiques». Une unique façon pour l'Amérique et le monde entier de se prémunir du fléau du terrorisme. Cependant, note M. Erdman, la démocratie ne se limite pas uniquement au jour du vote de même qu'elle ne dépend pas de la réussite de ce vote : «La démocratie est un long processus qui s'apprend et qui intègre aussi bien l'Etat de droit, l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs.» L'ambassadeur cite à ce propos l'Algérie, plus exactement le code de la famille : «L'Algérie fait des avancées démocratiques en amendant le code de la famille, mais il peut arriver que cet amendement soit rejeté lors d'un vote auquel il serait soumis.» Au fait, l'idée d'un apprentissage progressif de la démocratie n'est pas nouvelle en Algérie puisque beaucoup d'hommes politiques algériens l'ont appuyée.