Que décidera le cartel? «Lors de cette réunion, les ministres se pencheront sur l'examen de l'évolution du marché international du pétrole et de ses perspectives», souligne un communiqué du ministère de l'Energie. Le syndrome de la dégringolade des prix sera-t-il définitivement écarté? L'occasion est tellement favorable pour que le baril ne fasse plus de tonneaux, que la rater représenterait un énorme gâchis. Sans jouer sur du velours, le cartel tiendra sa réunion dans une conjoncture qui s'annonce plutôt favorable. Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole se retrouveront, en effet, alors que les cours de l'or noir ont enregistré leurs plus hauts niveaux depuis le début de l'année. Ils ont même réussi à franchir la barre des 50 dollars tandis que des signes évidents d'un rééquilibrage du marché se font sentir. La production américaine de pétrole de schiste s'affiche en déclin. Cela ne sera pas certainement suffisant pour que soit épongé le surplus de pétrole qui inonde le marché. Une conséquence directe de la chute des prix du brut qui a commencé il y a maintenant pratiquement deux ans. Du mois de juin 2014 à aujourd'hui ils sont passés de quelque 115 dollars à un peu moins de 50 dollars. Hier vers 11h00 (heure algérienne), le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, pour livraison en juillet, cédait 24 cents par rapport à la clôture de lundi pour se négocier à 49,52 dollars. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance grappillait 15 cents, par rapport à la clôture de vendredi pour se hisser à 49,48 dollars. Le baril donne l'impression d'être dans l'expectative. Si un signal fort pouvait lui parvenir demain à partir de la capitale autrichienne, il ne serait pas étonnant qu'il franchisse un nouveau palier. L'option d'un gel de la production qui a été écartée en avril dernier à Doha sera probablement remise sur la table. A-t-elle des chances d'aboutir? Les pronostics vont bon train. «Après que les réunions de Doha (en février et en avril) ont échoué à parvenir à un accord sur un gel de la production, il est peu probable que cette réunion ordinaire de l'Opep produise un résultat différent, surtout au moment où l'Iran continue de répéter qu'il n'a aucune intention de plafonner sa production de pétrole ou ses exportations», a estimé Fawad Razaqzada, analyste chez City Index. «Le calme devrait prévaloir pour le pétrole ces prochains jours, alors que le marché anticipe la réunion semi-annuelle de l'Opep prévue jeudi», indiquaient, de leur côté, Mike van Dulken et Augustin Eden, analystes chez Accendo Markets. D'autres s'attendent à «un coup fourré» de l'Arabie saoudite qui pourrait sabrer le moral du baril. «Les investisseurs devaient soupeser une série d'actualités contradictoires: d'un côté, la réunion de l'Opep devrait plutôt pousser les cours à la baisse, soit parce que les participants ne vont arriver à rien, soit parce qu'il se dit que le nouveau ministre saoudien du Pétrole pourrait vouloir marquer son autorité et peut-être annoncer une hausse de la production», a prédit Bob Yawger, chez Mizuho Securities. De manière générale, la plupart des observateurs s'accordent à voir le statu quo se prolonger. Les pays membres de l'Opep devraient rester sur leur position de la réunion du mois de décembre 2015. Le rééquilibrage du marché annoncé d'ici la fin de l'année et les prix actuels, autour des 50 dollars, jouent en faveur de cette thèse. Une position pragmatique pour laquelle a durablement penché l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Prudence oblige on ne s'aventurera certainement pas pour torpiller une stratégie qui a donné ses fruits quand bien même elle ne fasse pas l'unanimité. L'ordre du jour est annoncé. «Lors de cette réunion, les ministres se pencheront sur l'examen de l'évolution du marché international du pétrole et de ses perspectives», a indiqué, hier, un communiqué du ministère de l'Energie. Le ministre de l'Energie, Salah Khebri, qui prendra part à la 169ème réunion ministérielle ordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole aura à coeur de défendre la position de l'Algérie. Le marché sera, immanquablement, passé à la loupe...