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Questions de citoyens
DERNIÈRES INTEMPERIES À BOUIRA
Publié dans L'Expression le 03 - 02 - 2005

La cellule de crise installée s'est retrouvée face à une situation inédite.
Les récentes chutes de neige et leurs conséquences directes nous amènent à poser des questions sur les soucis des citoyens. Maintenant, que la vie a repris son cours normal, les habitants de Bouira se demandent le comment et le pourquoi d'une pareille situation.
En effet, et pendant trois jours, la wilaya a été complètement isolée, sur le plan des transports, du reste du pays. Etant un lien entre les quatre points cardinaux et située au milieu du pays, cette wilaya s'est vite encombrée de passagers bloqués venant ou se dirigeant vers la capitale.
La cellule de crise installée dès mardi, jour des premières chutes, s'est retrouvée face à une situation inédite. Amenée à sérier les priorités, cette commission est confrontée au manque flagrant de moyens adaptés. Le wali réquisitionne mais la nature s'avère plus forte. Le manque d'expérience dans ce domaine chez la majorité des intervenants de cette cellule mène vers une intervention désorganisée.
La RN5, l'axe routier le plus emprunté à l'échelle nationale, n'a été ouvert à la circulation que le vendredi en début de soirée.
La neige, à elle seule, ne suffit pas à justifier pareille situation. La bonne volonté de la DTP, à elle seule, ne peut dénouer un état où la vie de milliers de citoyens a été mise en danger. Cette direction doit être dotée d'un matériel en mesure d'intervenir dans des conditions climatiques perturbées. La DTP a, à sa charge, des routes et accès situés dans des zones à très haut risque d'enneigement et d'éboulement. De l'avis de tout le monde, il est grand temps de doter cette structure de chasse-neige. Trois routes nationales et une autoroute traversent la wilaya de Bouira. Ce fait suffit pour argumenter la proposition.
Les services de la santé n'ont aucune ambulance susceptible de se déplacer dans de telles conditions météorologiques. Plusieurs personnes ont été déplacées à dos d'homme ou d'animaux pour rallier les structures de la santé. Il est plus qu'opportun d'affecter des véhicules aménagés et capables de porter secours aux citoyens même en temps de neige. La majorité des établissements scolaires qui ont servi de refuge aux passagers manquent de chauffage. Quand il existe, il est quelquefois en panne. Même si la responsabilité dans ce cas n'incombe pas directement à l'Etat qui a déboursé des millions à travers divers programmes mais au département de l'Education nationale, il est peut-être opportun de revoir sérieusement ce dossier surtout que ces structures sont côtoyées quotidiennement par des enfants. Pour le volet positif, nous retiendrons surtout la mobilisation dont a fait part la Protection civile qui a su tirer son épingle du jeu. Même si là aussi les moyens restent dérisoires, il n'empêche que les hommes du feu ont pu sauver de nombreuses personnes. L'élan de solidarité à mettre à l'actif des citoyens a contribué grandement à éviter le pire mais ne doit en aucun cas nous faire oublier les lacunes constatées lors de cette semaine pas comme les autres. Où sont passées ces associations qui se bousculent au portillon quand il s'agit de subventions, où est passé le Croissant-Rouge dont les responsables se limitent à une présence aux réunions et aux cérémonies protocolaires? Parmi les grandes omissions à l'actif de la cellule de crise, le fait de complètement marginaliser la presse qui pouvait jouer son rôle d'informateur et participer activement à la sensibilisation des citoyens.
L'expérience que vient de vivre la wilaya de Bouira doit servir de leçon surtout qu'elle risque de se répéter à tout moment. Avoir un plan Orsec c'est bon, le bien appliquer, c'est mieux. Un plan d'urgence nécessite des moyens, des hommes et beaucoup de coordination dans sa mise en oeuvre. C'est ce dernier point, qui peut-être a fait craindre le pire aux citoyens, et a été une aubaine aux spéculateurs de tous genres et à l'origine d'informations parfois erronées comme celles relatives au nombre de décès à travers la wilaya. Seule l'inscription au niveau central d'un budget spécial permettra à Bouira d'éviter un remake dans les jours et les années à venir.


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