Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, accueilli à Pékin par son homologue chinois, Wang Yi Le président Xi Jinping a plaidé d'entrée pour que «la vaste (région) du Pacifique soit un espace de coopération et non pas de compétition». Il a réclamé que «les Etats-Unis et la Chine renforcent leur confiance réciproque». Les Etats-Unis et la Chine ont assuré hier vouloir travailler en «partenaires» plutôt qu'en «rivaux», lors de leur face-à-face annuel diplomatique et économique, sous forte tension cette année en raison d'une poussée de fièvre en mer de Chine méridionale. Les deux premières puissances mondiales étaient réunies hier et aujourd'hui à Pékin pour leur «8e Dialogue stratégique et économique», en pleine mutation de la région Asie-Pacifique: l'administration Obama a fait de cette zone la priorité de sa politique étrangère, suivant le fameux «pivot» ou «rééquilibrage» de l'Amérique vers l'Asie, où la Chine est de plus en plus influente. Le président Xi Jinping a plaidé d'entrée pour que «la vaste (région) du Pacifique soit un espace de coopération et non pas de compétition». Il a réclamé que «les Etats-Unis et la Chine renforcent leur confiance réciproque». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, accompagné du secrétaire au Trésor Jacob Lew, lui a répondu: «C'est à nous, l'Amérique et la Chine, à faire en sorte d'être plus des partenaires que des rivaux». Mais les deux mastodontes, concurrents manifestes en Asie-Pacifique, avaient eu dimanche des échanges acrimonieux à propos des contentieux territoriaux en mer de Chine méridionale qui opposent Pékin à ses voisins d'Asie du sud-est et empoisonnent toute la région. Washington et Pékin s'étaient accusés de «provocations». L'ambiance était un peu plus diplomatique et polie au premier jour du Dialogue hier. M. Kerry s'est contenté d' «exhorter toutes les nations à trouver une solution diplomatique» et d'éviter les actions «unilatérales» dans la crise en mer de Chine méridionale. Pour sa part, Xi Jinping a estimé que «certaines querelles pourraient ne pas se résoudre pour le moment», tout en appelant à approche «pragmatique et constructive» à leur égard. Cette montée des tensions s'explique par l'imminence d'une décision juridique très attendue de la Cour permanente d'arbitrage de la Haye saisie par les Philippines face à la Chine. Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, où ses travaux d'infrastructures et de remblaiements sur des îlots contestés provoquent la colère des Etats riverains, le Vietnam, les Philippines, Brunei et la Malaisie. A Oulan-Bator dimanche, John Kerry avait tonné contre la «militarisation» de cette zone maritime riche en ressources et cruciale pour le commerce mondial. Pékin lui avait rétorqué que «les pays extérieurs devraient jouer un rôle constructif à ce sujet, pas l'inverse». Même si les Etats-Unis se targuent de «ne pas prendre position» dans les contentieux en mer de Chine, ils défendent bec et ongles la liberté de navigation dans ces eaux stratégiques. Washington a même envoyé des navires de guerre croiser à proximité d'îles contrôlées par Pékin. Mer de Chine, Corée du Nord, Taiwan, changement climatique, cyber-sécurité, terrorisme, droits de l'homme, niveau du yuan, échanges commerciaux et coopération économique: la liste des sujets de discussions - controversés ou consensuels - est loin d'être exhaustive entre, côté américain, MM.Kerry et Lew et, côté chinois, le vice-Premier ministre Wang Yang et le conseiller d'Etat Yang Jiechi, qui a la main sur la politique étrangère. Evoquant le casse-tête de la Corée du Nord, le chef de la diplomatie américaine a jugé «impératif» de «maintenir la pression» internationale sur Pyongyang pour contrecarrer ses programmes nucléaire et balistique. Washington et Pékin ont aussi abordé d'autres sujets qui fâchent: John Kerry a égratigné Yang Jiechi sur «nos différences en matière de droits de l'homme, de traite des humains et d'application de la loi», des vieilles pommes de discorde entre les deux pays aux systèmes politiques antagoniques. Au plan économique, M. Lew a sonné la charge contre la Chine, numéro un mondial de l'acier, en l'exhortant à réduire les surcapacités de ses aciéries, qui «faussent et nuisent» au marché mondial de ce métal.