A travers cette position, on retient que le RND souhaite qu'on lui explique davantage de quoi il s'agit. Il faut rendre à César ce qui lui appartient. Le RND ne squatte pas, il attend pour mieux voir. C'est la posture qu'adopte le parti d'Ouyahia face au projet d'amnistie générale laissant le soin au président, initiateur de l'idée, d'être aux premières loges pour porter à bras-le-corps son initiative. Le parti refuse de s'approprier le projet de M.Bouteflika tout en le soutenant par ailleurs. «Nous n'avons aucunement l'intention de vouloir squatter une proposition qui appartient au président», a clairement souligné hier, Ahmed Ouyahia, parlant sous la casquette de secrétaire général du RND. Contrairement aux autres formations politiques qui se sont «ruées» dans la campagne pour l'amnistie générale, notamment celles de la coalition, le RND préfère attendre. «Nous attendons que les contours soient proposés par l'initiateur de la proposition (le président de la République Ndlr), c'est pour cela que nous ne sommes pas allés au galop», a encore déclaré le secrétaire général du RND. A travers cette position, on retient non seulement que le RND souhaite qu'on lui explique davantage de quoi il s'agit, mais aussi, l'extrême sensibilité de la proposition du président. L'amnistie générale touchera-t-elle des criminels qui ont massacré des familles, égorgé des et des enfants? Touchera-t-elle les éléments des services de sécurité qui ont été accusés d'être derrière des actes de torture et de disparitions? Concernera-t-elle les harkis? Ce sont autant de questionnements auxquels l'initiative du président n'a pas encore apporté de réponse. Le chef de l'Etat n'a pas donné de détails sur son projet. A chaque fois qu'il a évoqué l'amnistie, le président de la République se contente de dire qu'il sera soumis à référendum. M.Bouteflika a même précisé qu'il ne prendrait pas la responsabilité d'aller dans le sens d'une telle démarche sans en référer au préalable au peuple. «Si vous voulez l'amnistie, je suis partisan, si vous voulez l'amnistie générale, sachez que je suis aussi partisan», a-t-il déclaré dans son discours à l'occasion du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution. Conscient de la délicatesse «de l'option présidentielle», le RND, a opté pour une stratégie à même de couper l'herbe sous le pied de ses concurrents sur la scène politique. Tout en soutenant «une démarche qui ramènera la paix, une démarche qui va de l'avant», le parti d'Ouyahia se démarque du conglomérat des partis et associations qui prient le président, au nom du peuple, de proclamer son projet d'amnistie générale. Ouyahia ne semble pas s'affoler face à un thème qui devient le centre de gravité de certains partis. Il estime, à juste titre, que l'amnistie n'a même pas besoin d'une campagne pour sa promotion: «Même si tous les partis politiques ne font pas campagne, même si le président ne fait pas campagne, le référendum populaire accordera un minimum de 60 % à cette initiative». Depuis la fin de l'année 2004, l'amnistie générale est devenue le thème de débats organisés par des associations et de certains partis politiques. Née il y a quelques semaines, la Commission nationale de l'amnistie générale (Cnag), présidée par Ahmed Ben Bella, s'échine à baliser le terrain pour la mise en oeuvre de la proposition du président.