Dès que les conditions seront réunies, je consulterai, par voie référendaire, le peuple algérien sur une loi d'amnistie générale », a déclaré, avant-hier à Madrid, le président de la République à l'occasion de la conférence internationale contre le terrorisme. Un cadre juridique qui ressemblerait à celui élaboré en septembre 1999, à travers la loi sur la concorde civile. Celle-ci est considérée d'ailleurs par M. Bouteflika, rapporte l'APS, comme « une phase décisive pour le processus de réconciliation nationale ayant bénéficié à des milliers d'éléments impliqués dans des activités terroristes et qui ont repris une vie normale dans la société ». D'où l'affirmation du chef de l'Etat qu'« au-delà du démantèlement des groupes armés, il s'agit en fait de réconcilier l'Algérie avec elle-même pour bâtir une société apaisée et maîtrisant mieux son devenir ». Il prendra toutefois le soin de signaler que, contre le terrorisme, « la population a apporté sa collaboration aux forces de sécurité, de même que les agents de l'Etat et les autorités religieuses, ce qui a permis le succès de la stratégie d'isolement et de neutralisation des groupes terroristes ». C'est pourquoi M. Bouteflika tiendra à rassurer que la « loi d'amnistie générale est destinée à clore définitivement un chapitre douloureux de notre histoire ». Mais le président de la République n'en a pas dit plus, à Madrid, au sujet des conditions qui doivent être réunies pour décider de la date du référendum. A moins qu'il attende le traitement de certains dossiers restés en suspens et qui déterminent, dans de larges proportions, l'aboutissement du projet d'amnistie générale. A commencer par celui relatif à l'existence encore des groupes armés. Surtout depuis que le GIA a été quasiment démantelé, l'été dernier, selon l'annonce faite par le ministère de l'Intérieur en décembre 2004. Et d'autant plus que le GSPC est, actuellement, traqué par les forces de sécurité, notamment après l'extradition de Abderazak « El Para » vers l'Algérie. L'autre dossier concerne la crise de Kabylie à laquelle le chef du gouvernement est en train d'apporter certaines réponses. Entre autres et principalement la dissolution des actuelles APC et l'organisation prochaine d'élections locales partielles. Ainsi satisfait, le mouvement des archs s'abstiendra alors d'appeler au boycott, faute de faire la campagne pour l'amnistie. Il y a également le dossier des disparus pris en charge actuellement par un comité ad hoc de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH). Un dossier que M. Bouteflika voudrait voir apuré dans les plus brefs délais malgré les réserves des ONG (ANFD, CFDA et SOS-Disparus). Quant à la classe politique, une partie seulement s'est déjà positionnée par rapport à cette question. Il s'agit notamment des partis de l'Alliance présidentielle : FLN, RND et MSP. Ces formations politiques ne ratent pas une occasion pour déclarer leur soutien au projet de réconciliation nationale dont l'amnistie générale est l'un des plus importants supports. On peut y ajouter également un parti comme l'Union pour la démocratie et la République (UDR). Cependant, des formations comme le PT, le FFS, le RCD ou le MDS n'ont pas officiellement communiqué à l'opinion publique leur véritable position. A tous ces éléments, pourrait s'ajouter la mission -qui ne s'est pas encore achevée-de la Commission nationale de l'amnistie générale (CNAG), née le 2 décembre 2004 et dont le président d'honneur n'est autre qu'Ahmed Ben Bella. Cette commission continue d'ailleurs à installer ses structures locales et à organiser, régulièrement, des meetings à travers le territoire national. Le président exécutif de la CNAG, en l'occurrence Abderezak Smaïl, évoquera, à plusieurs occasions, que des chefs de groupes armés et des repentis lui ont exprimé leur soutien au projet d'amnistie générale.