L'eau: un problème séculaire En 1994, un conflit similaire a éclaté, mais vite réglé en apportant les solutions idoines au moment opportun. Soudain, au milieu d'un calme millénaire, quatre beaux et paisibles villages situés sur les cimes du Djurdjura sont agités à cause d'une source d'eau qu'ils se sont pourtant fraternellement partagée depuis longtemps. Tifilkout, Azrou, Taghzout et Igfilen. A l'origine du conflit qui risque de libérer la voie à la haine, une défaillance du réseau de canalisations qui alimente ces bourgs à partir d'une source d'eau située dans la montagne. Selon des villageois, la conduite a été endommagée l'année dernière, mais elle n'a encore pas été réparée par les services concernés. Aussi, ce dérèglement de l'équilibre dans la répartition a engendré des tensions entre les villageois. Actuellement, la tension est vive et les dérapages sont plus que jamais à craindre. Pour désamorcer la situation, les élus locaux et l'APW ainsi que les autorités locales sont sur place. Des réunions sont tenues avec les villageois pour trouver une solution. Hier, une réunion se tenait encore dans l'après-midi au niveau de la wilaya. Selon toute vraisemblance, les villageois ne s'attendaient pas à des solutions miracles d'autant plus que la réunion était amputée de la présence du village Tifilkout. Ce village, en refusant de prendre part à cette réunion, tenait à exprimer sa colère quant à l'attitude des responsables au niveau de la wilaya. Selon une source locale, avant-hier, les villageois de Tifilkout ont attendu plusieurs heures pour s'entretenir avec le wali, mais en vain. On leur a expliqué que ce dernier ne pouvait pas les recevoir, étant malade. C'est pourquoi donc, la réunion d'hier après-midi n'avait pas beaucoup de chance d'aboutir. En fait, la source d'eau située au lieudit Adrar a été aménagée et captée par les moyens du bord des quatre villages. Des problèmes de répartition surviennent par moments, mais sont vite réglés par la sagesse légendaire des villageois. En 1994, un conflit similaire a éclaté, mais vite solutionné en apportant les solutions idoines au moment opportun. Cette fois, la situation conflictuelle se présente différemment. Le village Tifilkout reste sans eau, selon ses habitants, parce que le peu d'eau qui arrive via un répartiteur a été détourné par les autres villages. A cette tension déjà grande à cause d'une panne qui persiste, vient se joindre la saison estivale marquée par de fréquentes canicules. Pourtant, il est évident que les réparations pouvaient être effectuées pour éviter ce conflit. Mais depuis une année, les services concernés n'ont pas réparé. Beaucoup se demandent pourquoi les services concernés, malgré leur connaissance de la situation, ont tardé à réparer. Par ailleurs, notons que contrairement à d'autres régions couvertes par le réseau de l'ADE, cette dernière, située sur les hauteurs du Djurdjura, assure son alimentation en eau potable par ses propres moyens depuis des sources situées sur les hauteurs des villages. Toutefois, si cette solution a été efficace dans le passé, elle s'avère aujourd'hui limitée à cause de la raréfaction de l'eau. Certaines sources ont vu leur débit baisser drastiquement alors que d'autres ont carrément tari. C'est pourquoi, enfin, il est évident que la société kabyle a toujours su trouver les équilibres nécessaires en période de raréfaction de l'eau, étant donné que le climat est marqué par des périodes de sécheresse. Les systèmes de répartition anciens ont toujours tenu tête aux aléas. Mais là à Illilten, tout porte à croire que si la panne survenue l'année passée, avait été réparée par les services concernés, le conflit n'aurait pas éclaté.