Des grèves et des manifestations encore et encore Le président Hollande et le gouvernement Valls ont rebondi avec les multiples cérémonies d'hommage au couple de policiers assassinés... Alors que le Sénat réécrivait l'article 2 de la loi «travail», supprimant au passage la durée légale des «35 heures» qui sera assujettie aux accords intra entreprises et non aux conventions de branche, le leader de la CGT, Philippe Martinez était reçu hier matin par Myriam El Khomri pour tenter de trouver un compromis. Peine perdue. La déception était visible sur le visage du secrétaire général de l'organisation syndicale prise à partie, depuis ces dernières quarante-huit heures aussi bien par le gouvernement et certains responsables du Parti socialiste que par les partis de l'opposition. Au début du mois, c'était les leaders de la CFDT, FO, la CFTC, l'Unsa et la CFE-CGC qui défilaient chez Mme El Khomri mais l'atmosphère était alors moins tendue et le différend aisément transcendé. La rencontre d'hier, qui aura duré une heure et demie, aura été des plus délicates, chacun campant sur ses positions. Pour Martinez, des propositions ont été faites et il appartient au gouvernement d'y répondre. Pour la ministre, une fin de non-recevoir anticipée avait été prononcée en ce qui concerne tant le retrait du texte en examen devant l'Assemblée que sa «suspension». Mais la CGT ne s'est pas déplacée pour rien, au plus fort des critiques et des accusations qui la ciblent après des manifestations particulièrement houleuses au cours desquelles les casseurs n'ont pas hésité à s'en prendre à l'hôpital Necker. Refusant la casquette de syndicat exclusivement contestataire et isolé sur le terrain des revendications, la CGT était en fait accompagnée directement et indirectement par l'ensemble des opposants à la loi que sont FO, Solidaires, Unsa, Unef, Fidl et UNL. Le président Hollande et le gouvernement Valls ont rebondi avec les multiples cérémonies d'hommage au couple de policiers assassinés par un sympathisant de l'Etat islamique, réaffirmant leur détermination à maintenir le texte «jusqu'au bout» et menaçant même de recourir à des interdictions de toute nouvelle manifestation organisée par la CGT et les autres membres de l'intersyndicale. Force Ouvrière a déjà averti que «s'il prenait l'idée au gouvernement de passer en force à l'Assemblée nationale, en juillet, avec le 49.3, elle ne lâcherait pas, y compris à la rentrée.» Et pour prouver leur résolution à ne pas faiblir, sachant que le gouvernement joue la montre et parie sur la lassitude du mouvement, les syndicats concernés ont prévu d'ores et déjà deux nouvelles journées de grèves et manifestations, le 23 et le 28 juin prochains.S'agissant des débrayages, la situation est revenue à la normale dans les transports, notamment ferroviaires, mais les blocages demeurent sévères dans les centres de traitement des déchets en Ile de France et dans les Bouches-du-Rhône. En voulant montrer le «maintien du dialogue avec toutes les confédérations professionnelles et syndicales», sans objectif de consensus réel, Hollande et Valls jouent gros et prennent le risque de perdre leur ultime crédit au moment où les sondages créditent leur action d'une embellie relative au plan économique. Certes, on est loin encore d'un vrai retour de la croissance et d'une sérénité des ménages par rapport aux prévisions de 2017, mais l'espoir pourrait se confirmer qu'une crispation du bras de fer gouvernement-syndicats mettrait en pièces à peu de frais. Le Conseil national du PS se réunit aujourd'hui pour débattre d'une primaire pour toute la gauche, avec sur la table diverses options, dont une consultation restreinte au PS ou un congrès extraordinaire visant à en dispenser François Hollande, une «suggestion» lancée cette semaine par le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Mais d'autres personnalités du PS ne l'entendent pas de cette oreille. C'est le cas de Marie-Noelle Lienemann, farouche partisane de la primaire à laquelle elle serait candidate. A ses yeux, Hollande est devenu «un obstacle» pour la victoire de la gauche en 2017 et il aura beaucoup affaibli le PS sans pour autant préserver la gauche. Autant dire qu'elle se range aux côtés de Jean-Luc Mélenchon et d'Arnaud Montebourg dont les critiques sont autrement plus acerbes quand il est question du tandem Hollande-Valls.