La contestation prend de plus en plus d'ampleur dans la capitale et des villes importantes (Nantes, Rennes, Toulouse et Lyon) secouées par des manifestations dégénérant en affrontements. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fait état de « 24 policiers ou gendarmes blessés, dont 3 grièvement à Paris » et de « 124 interpellations » dans tout le pays. Le bras de fer est engagé entre le ministre de l'Intérieur, exigeant aux organisateurs de « condamner la violence à l'encontre des forces de l'ordre », et le front syndical qui, par la voix du président de l'Unef, William martinet, s'est insurgé contre les « casseurs » encagoulés et l'« usage disproportionné de la force par la police ». A une semaine du vote parlementaire (17 mai), les positions restent inconciliables. « L'heure du choix a sonné », a martelé la ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, Myriam El Khomri, Elle est montée au créneau pour fustiger, dans une tribune publiée dans Ouest-France, une « logique de blocage » au projet de loi sur le travail au cœur des débats parlementaires ouverts mardi dernier et devant durer jusqu'au 12 mai prochain. Il reste beaucoup à faire pour obtenir la majorité requise pour son adoption, Soit, selon le rapporteur Christophe Sirugue (PS), près d'une quarantaine de voix. En dépit des amendements (près de 5000) pour « rééquilibrer le texte en faveur des PME », a explique Sirugue, le retour de manivelle a surpris le patronat largement avantagé dans la version initiale qui leur donne toute latitude pour décider unilatéralement de toute une série de mesures (recours au forfait jour, modulation du temps de travail...), le plafonnement des indemnités prud'homales supprimé et remplacé par un barème indicatif , la réforme des licenciements économiques et l'allongement du temps de travail des apprentis mineurs. Le Medef veut en conséquence quitter la table des négociations si « rien ne bouge » dans le sens d'un retour à l'esprit initial du projet de loi, toujours contesté par l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl, UNL), relançant l'action unitaire entamée en mars (les 9 et 31) et rééditée en avril (les 9 et 28). Elle a appelé à une nouvelle journée de mobilisation pour le 12 mai pour s'opposer à une réforme qui « accentue la précarité, marque la remise en cause des conventions collectives, ruine les garanties collectives ». Le mouvement « Nuit Debout » entend maintenir la pression et prend rendez-vous au 15 mai, en référence au mouvement espagnol des Indignés né à Madrid le 15 mai 2011. La coupe est donc pleine pour la ministre El Khomri. « Qui peut sincèrement craindre une loi qui donne plus de place et de moyens aux syndicats ? Une loi qui améliore les capacités d'anticipation de nos entreprises ? Une loi qui renforce la protection sociale de nos concitoyens ? On peut toujours ignorer les enjeux actuels, utiliser les termes les plus outranciers, ou opter pour une logique de blocage qui est le contraire d'un dialogue sincère », écrit-elle dans sa tribune. L'impasse est totale. Le Premier ministre, Manuel Valls, menace tout simplement de recourir à l'article 49.3 de la Constitution. Une adoption du texte sans vote.