Ces sorties de proximité ont pour but de re-mobiliser les militants autour de la nouvelle feuille de route validée par le congrès et pour mieux affronter les législatives de 2017. La nature a horreur du vide. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, n'entend pas céder le terrain à ses adversaires politiques et plus partiellement les islamistes qui l'occupent sans réserve durant le Ramadhan. M.Ouyahia a dans cette optique prévu une série de sorties sur le terrain durant ce mois, a-t-on appris auprès des militants du parti. Cette démarche, qui intervient au lendemain d'un remaniement ministériel, s'inscrit sans nul doute dans une perspective de préparation des échéances électorales qui s'annoncent, notamment les législatives de 2017. En effet, le RND n'a obtenu aux législatives de 2012 que 70 sièges alors que le FLN en a eu 221, soit un écart de 151 sièges. Il est vrai que le RND a amélioré son score de neuf sièges par rapport aux élections de 2007, mais son assiette électorale reste très réduite comparée à celle du FLN. Il est vrai aussi que la bataille politique algérienne s'est toujours articulée autour de l'élection présidentielle puisque le système est fait de sorte que tous les leviers de pouvoir soient concentrés entre les mains du président. Mais, l'émergence d'une sphère politique et économique plus ou moins autonome, impose d'autres alliances et équilibres pour atteindre le consensus. Ce changement même relatif, est dû, d'une part, à la migration du centre de gravité du pouvoir qui est désormais passé de l'armée à des instances civiles et, d'autre part, la chute brutale des prix du pétrole et le chancellement du modèle rentier qu'elle a entraîné, lequel modèle constitue la plaque tournante du système politique algérien. Face à cette nouvelle configuration politique du pays, Ahmed Ouyahia tente d'investir le terrain pour expliquer les enjeux et surtout les défis qui attendent le pays dans un contexte national et régional des plus fragiles. Néanmoins, l'ère des consensus étant, semble-t-il, révolue, Ouyahia comme tout autre candidat potentiel, ne pourrait plus compter sur un consensus au sein du pouvoir. Le FLN, qui était jusqu'à très récemment, «un allié stratégique» pour le RND, ne l'est plus. A l'évidence, le parti majoritaire a également ses propres ambitions dans les prochaines échéances électorales. Jusque-là, le FLN mène le jeu politique national. Les recommandations émises par le secrétaire général du parti, Amar Saïdani, notamment la mise en place d'un gouvernement politique et sa direction par la majorité parlementaire, sont traduites concrètement sur le terrain. Aujourd'hui, le gouvernement compte pas moins de 16 ministres FLN, une situation jamais vécue depuis l'ouverture démocratique du pays en 1990. A ce titre, le dernier remaniement ministériel est un message politique qui dit, en substance, ceci: pour être au gouvernement et prétendre le diriger, il faut avoir la majorité au Parlement. Ce principe, bien que non écrit, tend à devenir une règle et Ahmed Ouyahia semble avoir très bien compris le message. C'est pourquoi, à peine conforté dans sa position de secrétaire général du RND, après l'avoir été par intérim, dans le sillage du congrès extraordinaire du parti, il s'est mis en branle et commence à baliser le terrain, à travers des sorties publiques, des rencontres de proximité, des conférences de presse pour les échéances à venir. C'est ainsi qu'il a entamé une série de sorties de proximité, hier, à partir de Boumerdès, pour re-mobiliser les militants autour de la nouvelle feuille de route validée par le congrès et pour mieux affronter les législatives de 2017. Le défi pour le RND et pour Ouyahia, est sans nul doute d'avoir la majorité parlementaire. Il est donc attendu que des actions de terrain intensives soient faites par le RND dans les mois à venir et que des déclarations et des enjeux de taille soient évoqués par Ahmed Ouyahia.