Pari gagné pour le Cnes : que ce soit à Alger, à Oran, à Constantine, à Sétif, à Annaba, à Boumerdès, à Médéa ou à Sidi Bel-Abbès, le mouvement de grève décidé le 14 février dernier a été massivement suivi. L'appel lancé par le Cnes pour un débrayage d'une semaine a été largement suivi, hier, d'après ce que nous avons pu constater dans les campus algérois à l'instar de l'Université des sciences et de technologie Houari-Boumediene qui était complètement paralysée. Au niveau national, les échos qui nous sont parvenus par le biais de nos différents correspondants, tant à l'est qu'à l'ouest du pays, font le même constat, avec un taux global de suivi dépassant les 90%. Ainsi, à l'université Djillali- Liabès de Sidi Bel-Abbès, la grève était suivie à 95%. C'est ce qu'a indiqué le coordinateur national adjoint du Cnes chargé de la région ouest, M. Mechab. La coordination régionale du Cnes a souligné dans une déclaration rendue publique hier : “Aujourd'hui, samedi 25 février 2006, par leur engagement dans le mouvement de grève initié par les sections Cnes de différentes universités, centres universitaires et écoles, les enseignants ont répondu à la persécution judiciaire de la tutelle et à son manque d'empressement à résoudre les problèmes socioprofessionnels portés dans la plateforme de revendications déposée il y a plus d'une année par les instances nationales du Cnes auprès de la tutelle.” À Béjaïa, le mot d'ordre de grève générale a trouvé un écho favorable auprès des enseignants de l'université Abderrahmane-Mira. Selon la section Cnes de cette université, la majorité des enseignants ont, en effet, répondu positivement au débrayage, aussi bien à Targa-Ouzemour qu'à Aboudaou. Un piquet de grève a été organisé dans l'enceinte universitaire, et les enseignants grévistes émargeaient sur un registre. “On ne peut pas se fixer sur le taux de suivi réel, mais une chose est sûre : le mot d'ordre de grève a été largement suivi”, nous a déclaré M. Aïssat, membre du bureau national du Cnes et enseignant à l'université de Béjaïa. L'administration de l'université a fait appel à un huissier de justice, signale notre interlocuteur. “Nous nous attendions à cette éventualité de la part de l'administration. C'est pourquoi notre section a pris les devants en déposant un préavis de grève”, a précisé M. Aïssat en dénonçant les intimidations infligées aux enseignants frondeurs. La section Cnes de l'université de Béjaïa, indique-t-on, tiendra aujourd'hui son AG pour “évaluer son action de protestation”. À Boumerdès, l'université M'hamed- Bouguerra a été paralysée totalement. Les 850 enseignants disséminés sur les quatre facultés de l'université ont ainsi répondu massivement à l'appel de leur syndicat. À l'université Ferhat-Abbès de Sétif, les enseignants de l'ensemble des facultés ont largement suivi le mouvement de grève, et les rares cours dispensés ont été assurés par des vacataires, avec toutefois un fort taux d'absentéisme des étudiants. À Annaba, l'arrêt des cours était suivi à plus de 60%. Le mouvement de grève a touché toutes les facultés de l'université Badji-Mokhtar, toutes filières confondues. Cela dit, les enseignants ne tiennent pas à sanctionner les étudiants qui n'auraient pas achevé leurs examens, ont affirmé des professeurs rencontrés sur site. À Médéa, la grève a été largement suivie à travers l'ensemble des instituts du centre universitaire Yahia-Farès. À Oran, tous les campus étaient paralysés hier, que ce soit celui de l'USTO ou celui d'Es Senia. Joint par téléphone, M. Mohamed Mekkaoui, coordinateur de la section Cnes à l'USTO et membre du conseil national du Cnes, nous a confirmé que la grève a été suivie à l'échelle nationale. Tous les principaux pôles universitaires étaient paralysés. “On peut dire que la grève a été suivie à plus de 90%”, a-t-il estimé. “La grève devra durer une semaine mais à partir du mois de mai, elle sera illimitée”, a prévenu notre interlocuteur. Rappelant les revendications des enseignants, il a insisté sur la question salariale, le statut de l'enseignant chercheur, le logement, surtout les logements attribués en 1998 et dont le caractère n'est pas clair, la généralisation de l'ISP (indemnité spécifique de poste), sans oublier la question des libertés syndicales : “Chaque fois que nous présentons un préavis de grève, on est sommé d'arrêter la grève au prétexte qu'elle est sauvage”, s'indigne M. Mekkaoui. Il faut croire que le mouvement initié par le Cnes va vers le durcissement : “Lors d'une assemblée générale que nous avons tenue hier, nous avons décidé de poursuivre la grève, quelles que soient les conséquences. Nous n'avons pas peur des intimidations judiciaires. La justice n'a plus aucune crédibilité.” A. Bousmaha/ L. Oubira/Farid Benabid/ A. Allia/ M. E./M.T.