La plupart d'entre eux n'ont pas fait l'effort pour venir assister aux débats sur des projets qui ont suscité une polémique ces derniers jours. Plus de sièges vides que de présents. L'hémicycle affichait presque vide hier lors de la séance plénière consacrée au débat des deux projets de lois concernant l'institution militaire. Assommés par les veillées du Ramadhan, les députés ont préféré rester au frais chez eux. La plupart d'entre eux n'ont pas fait l'effort pour venir assister aux débats sur des projets qui ont suscité une polémique ces derniers jours. Sur les 462 élus que compte l'hémicycle, seulement 58 ont fait le déplacement, un nombre qui reste loin du tiers. Une image qui a capté l'attention des médias. L'absentéisme est devenu une tradition ancrée dans le comportement des élus du peuple. Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, les élus du peuple ont apparemment d'autres chats à fouetter au lieu d'assister aux débats. Même parmi les intervenants, beaucoup ont été affichés absents. Pourtant, les deux textes sont importants, notamment celui portant sur l'obligation de réserve des militaires en retraite. Cette question était au centre des interventions. Le député du FLN, Baha Eddine Tliba, qui a ouvert le bal, a rejeté les critiques de l'opposition faisant croire que ce texte est en contradiction avec la Constitution. «Ce texte consacre le principe de la non-implication de l'institution militaire dans le débat politique comme le souhaitent certaines parties», a-t-il affirmé, en précisant que la Constitution consacre la liberté d'expression. «Les partis de l'opposition qui se réunissent dans les salons veulent répandre la culture de la confusion dans le pays», a-t-il martelé en assurant le soutien de ces décisions par les partis de la coalition. Ce dernier n'était pas le seul à défendre cet avis. Son collègue, Lyes Saada a également insisté sur l'aspect de la discipline qui caractérise l'institution militaire. «On ne peut pas permettre à des gens de critiquer l'institution militaire après avoir servi et profité des avantages de l'institution militaire», a-t-il indiqué. Noureddine Saad du même parti est allé loin en proposant de généraliser le droit de réserve «à tous les citoyens dignes». Les députés du RND et ceux de TAJ ont également soutenu à fond la décision de l'Etat en estimant que l'image de l'institution militaire doit être préservée de toute atteinte. Un avis diamétralement opposé à celui de l'opposition. Le député du Front de la justice et du développement (FJD) Khelifa Hadjira a estimé que ce projet vise à faire taire les militaires en retraite qui veulent s'exprimer librement. «Le droit de réserve est obligatoire durant la mission, mais une fois le militaire en retraite il devient un simple citoyen qui a le droit de s'exprimer et de pratiquer la politique», a-t-il soutenu C'est une feuille de route que veut utiliser le pouvoir contre chaque militaire qui veut apporter des témoignages. Le député du Parti des travailleurs, Djeloul Djoudi a qualifié cette loi carrément d'anticonstitutionnelle. «Au lieu de présenter à l'APN un projet de loi qui empêche les personnalités politiques et les télévisions d'attaquer l'institution militaire, le gouvernement arrive avec un texte qui exige le silence aux militaires en réserve», a-t-il regretté. Selon lui, «la Constitution algérienne stipule clairement que les citoyens sont égaux en droits et en devoirs». Pour son collègue Rachid Khan, le projet reste «flou» et il «était nécessaire de définir certains concepts afin d'éviter les abus dans l'application du texte.»