img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160622-07.jpg" alt=""Derrière chaque vanne, un petit message..."" / Il est jeune, possède un big sourire, du talent et se sent sérieusement investi d'une mission sur scène. Son nom, son vrai nom d'ailleurs, déjà, a tout d'une star. Donel Jack'sman du Comédie Club s'est produit pour la première fois en Algérie, lundi dernier à la Qaâda Nouba de l'hôtel El Aurassi, invitant le public à rire de ses vannes, aux thématiques des plus diverses, allant du racisme envers les minorités ou encore les ségrégations envers les cultures, en faisant le distinguo entre les comportements africains et ceux européens, tout en les décortiquant avec amusement. En interagissant avec le public, l'humoriste a su créer de l'ambiance au sein de l'assistance. Et de poursuivre son spectacle avec des sketchs sur l'éducation, les parents, et de tacler les chanteurs français, Maître Gims et ses mots d'incompressibilité. Et d'aborder avec douceur aussi les systèmes de dragues et revenir à ses débuts émouvants à la télé... Le tout dans un humour décapant tout en restant bon enfant, même s'il nous avouera dans cet entretien que son spectacle en France se veut plus corrosif et trash que ça...Discutons -en. L'Expression: Votre dernière anecdote est terrible, je comprends que vous en parliez, le racisme est un thème clé dans vos spectacles. Ça vous tient vraiment à coeur... Donel Jack'sman: Vu que je représente à la fois la cause, le problème et l'espoir des gens, je me dois d'en parler. Quand tu es issu d'une minorité, que tu le veuilles ou non, quand tu es exposé, il y a des gens qui se voient en toi, qui se projettent en toi, tu te dois malgré toi d'avoir une mission. D'avoir un comportement exemplaire et aussi mettre en avant des choses dont personne n'en parle et pour moi l'islamophobie ou ces choses qui sont banalisées en France et bien de par mon boulot de comédien, je dis: non! je ne laisserai pas faire ce genre de choses. Vous dites les minorités. Vous croyez que les Noirs le sont en France? Oui, les Arabes, les Noirs, les Chinois. Les Noirs sont une minorité visible. Minorité dans tous les cercles de pouvoir. Il n'y a pas de Noirs à la télé, dans les productions, en politique, dans tous les postes clés. Après, en France il y a beaucoup de Noirs qui jouent au foot, oui! Il faut que ce monde accepte que nous sommes tous différents. Il faut faire avec. La terre est pour tous. Il faut vivre ensemble. Là c'est un spectacle que j'ai adapté pour l'Algérie mais en général je ne parle pas que des Noirs. Sinon, j'ai beaucoup d'autres combats. Justement comment vous définissez-vous ou pourriez-vous caractériser votre humour? La presse française me définit comme un humoriste engagé. J'aime bien, quand derrière mes vannes se cache un petit message. Quand on a la chance de monter sur scène et d'être écouté ne serait-ce que par dix personnes, c'est bien de leur donner un peu plus que du rire, c'est bien qu'ils repartent avec une petite réflexion d'en faire le moralisateur et je n'aime pas jouer au donneur de leçons. Je ne sais pas plus que toi. J'ai juste une petite idée, je te l'expose. Viens, on discute. C'est plus cela mon spectacle. Vous êtes français d'origine camerounaise.. Oui quand je suis arrivé en France, je n'avais même pas deux ans. Je suis arrivé à l'humour en faisant du théâtre. J'ai fait les cours Florent, le conservatoire du 11ème et de fil en aiguille je suis arrivé à l'humour car il me permet de m'exprimer et de dénoncer des choses graves mais tout en faisant rire. Vous vous êtes essayé un peu au cinéma et trouvez- vous là encore qu'il manque assez de rôles consistants pour les Noirs au cinéma en France et en Europe? Il y a deux problèmes qui se posent. D'un côté, il n'y a pas assez de rôles pour les Noirs. C'est-à-dire que les scénaristes qui écrivent ne pensent pas assez aux rôles de Noirs. Pour jouer le rôle d'un docteur tu n'as pas besoin qu'il soit blanc ou noir, ou chinois mais ils mettent des rôles pour des Noirs et ces rôles-là sont trop typés. Je pense qu'il ne faut rien attendre de ces gens-là. Il faut que les minorités écrivent leurs histoires, fassent leur propres films. Il faut qu'on monte nos propres boîtes de prod, nous-mêmes. Il ne faut rien attendre car ils ne nous donneront rien en fait. Je suis en train d'écrire mon premier film-là. Un long métrage. Ce sera une comédie. Sans parler du thème. C'est encore trop tôt. Le Jamel comédie club? Jamel j'aime beaucoup. Certains critiquent son humour en disant qu'il est moins drôle qu'avant ou percutant. Pour moi, Jamel restera Jamel. C'est grâce à lui que tout a été possible pour les gens comme nous, les Arabes, les Noirs. Jamel a ouvert une porte que personne n'a ouverte avant lui. Quoi qu'on puisse lui reprocher, quoi qu'il fasse, moi je resterai fan de lui et je lui dis merci. Comment avez-vous été repéré par lui, après être passé dans cette fameuse émission de France 2. C'est bien cela? Jamel repère tous les talents de Paris. Il n'y a pas un talent qui échappe à Jamel. Dès que tu fais parler un peu de toi et tu fais un peu de bruit, Jamel, malgré le fait qu'il soit une star aussi médiatisée, il garde toujours un oeil et un regard sur les jeunes. Il aime beaucoup la jeune génération Jamel. L'émission s'appelle «On ne demande qu' à en rire» avec Laurent Ruquier pour répondre à votre question. Effectivement, j'y suis resté près de 4 ans. De 2011 à 2014. C'est suite à cela que j'ai été repéré par Jamel. Je dois ma notoriété hors de Paris, à Laurent Ruquier, à Jamel Debbouze, toutes ces personnes qui ont permis que la France, via TV 5 Monde puisse me connaître... Aujourd'hui vous ambitionnez quoi? Je joue actuellement mon spectacle. J'ambitionne de le jouer beaucoup en France et de faire de grosses tournées. De venir ici en Algérie par exemple, aller en Afrique et le jouer aux USA. Il s'appelle «On ne se connaît pas. On ne se juge pas.» Vous vous êtes un peu autocensuré sur celui -là ce soir? Sur celui-là j'ai beaucoup modifié le texte. Dans mon spectacle d'origine il y a beaucoup de choses un peu choc, il y a des codes qui n'existent pas ici. Il y a des grossièretés. Je les ai enlevées. Pour moi ce n'est pas de l'autocensure. Quand tu vas chez des gens et qu'ils te demandent d'enlever tes chaussures, tu le fais. Ce n'est pas une soumission aux gens, juste respecter les gens. Je ne veux pas blesser les gens ou les choquer. Ils sont venus en famille pour rigoler. Ce n'est pas à eux de s'adapter à moi. C'est à moi de faire un effort d'adaptation.