Après son spectacle au Théâtre de verdure où il a réussi à faire salle comble, nous avons rencontré Abdelkader Secteur, au détour d'une loge improvisée. Voici donc un entretien avec un artiste sincère et naïf qui ne mesure pas l'étendue de sa success story. L'Expression: Quelles sont vos impressions après la fin du spectacle? Abdelkader Secteur: J'ai été très étonné par la qualité et la présence en force du public aujourd'hui. Je n'ai jamais fait un spectacle en Algérie avec autant de monde. Plus de 5000 personnes étaient présentes. Combien de personnes y avait-il à votre spectacle à Marrakech? La salle accueille 1300 personnes, mais c'est la première fois que je rassemble 5000 spectateurs. J'ai déjà animé un spectacle en juillet dernier à Oujda, mais nous étions deux lors de cette soirée, cheb Bilal et moi. C'était en plein air et il y avait plus de 220.000 personnes, je n'ai pas fait le spectacle complet. Quand Bilal prenait 10 à 15mn de pause, je rentrais pour faire un petit spectacle. Mais ici, c'est différent, il y avait 5000 personnes, rien que pour Abdelkader Secteur. Est-ce que Abdelkader Secteur a signé un contrat avec Club jamel debbouze Comedy ou êtes vous libre de faire des spectacles ailleurs en France? Non, car le contrat de trois ans avec l'entreprise de Jamel Debbouze ne me le permet pas. Est-ce que vous êtes libre de faire des spectacles en Algérie? En Algérie, je suis libre de le faire, mais pas au Maroc et en France. Et la Tunisie dans tout ça? Je n'ai pas beaucoup travaillé en Tunisie. Mon accent de l'Ouest ne cadre pas avec la culture de l'Est et bien sûr de la Tunisie. J'habite à la frontière marocaine, je suis donc plus apprécié et plus compris par les Algériens et les Marocains, que par les Tunisiens. Il m'est difficile de faire des spectacles qui s'adaptent à la société tunisienne. Comment se fait-il que vous vous êtes imposé avec des spectacles en arabe en France? Alors que Fellag a dû réajuster ses spectacles en français pour attirer plus de monde. Je n'ai pas eu ce problème et je ne peux pas vous dire pourquoi. Depuis que j'ai commencé en mars 2009, je faisais trois spectacles par jour et en 2011, je fais cinq spectacles par semaine. Je travaille au CLub Jamel Debbouze Comedy et tous les jours c'est rempli sauf le mardi. Cependant, Jamel m'a demandé d'inclure des textes en français pour que les Français puissent venir au spectacle. A quand le nouveau spectacle? Normalement, je commence à travailler les textes au mois d'octobre prochain. Un spectacle qui touchera à quoi? Je ne peux pas vous le dire maintenant (rires). La politique sera-t-elle présente dans ce nouveau spectacle? Non, moi je ne fais pas de politique Habibi. Je n'ai pas le niveau pour faire des spectacles qui touchent à la politique, mais je raconte les choses de la vie et de tous les jours. Je commence à travailler en octobre, je teste des choses jusqu'à ce que j'arrive à un spectacle d'une heure ou une heure et demie et je démarre ce nouveau spectacle peut-être en janvier 2012. On va le roder jusqu'à ce qu'il trouve sa véritable mesure. Pas de politique O.K., mais vous pouvez parler du Printemps arabe de façon humoristique non? Non, je ne peux pas parce que les gens sont très touchés par cette tragédie. On peut faire quelque chose pour essayer de trouver une solution humoristique à ce problème politique, mais pas plus. On ne se moque pas de cette situation. J'ai été touché que des pays comme la Tunisie, l'Egypte et même la Libye qui étaient des pays paisibles, deviennent instables. Donc vous pensez qu'ils ne sont pas bien? C'est sûr, mon frère. Que pense Fellag de vos spectacles et est-ce que vous vous êtes rencontrés à Paris? Non, je ne l'ai pas rencontré, mais une personne que j'ai rencontrée à Alger, m'a dit qu'il a découvert mes spectacles grâce à Fellag, parce que ce dernier a parlé de moi Sur France 2, il a cité mon nom comme un humoriste qui a réussi en France. Est-ce vrai que vous êtes interdit d'antenne par l'Entv? Il paraît que vous avez signé un contrat avec Beur TV pour le Ramadhan? Non, je ne suis pas interdit d'antenne par l'Entv! Mais on ne vous a jamais vu à la télévision algérienne? Parce que tout simplement on ne m'a jamais contacté, c'est tout. Beur TV m'a appelé, j'ai fait des capsules de cinq minutes pour le mois de Ramadhan. Mais demain, si l'Entv m'appelle, j'irais, car là où il y a du boulot, je suis disponible. Dans le domaine du cinéma êtes-vous toujours partenaire de Jamel Debbouze dans les films de Rachid Bouchareb? Non, je n'ai pas été contacté pour les films de Bouchareb, mais concernant Jamel, là où il y a un film, je suis présent. A chaque fois, il me fait passer des castings. Il n'y a pas un film où il n'a pas pensé à moi. Dans le film Hors-la-loi on m'a testé, ils m'ont donné un rôle dans lequel je n'avais aucune relation. D'ailleurs, je n'ai jamais fumé de ma vie, c'était la première fois que je tenais une cigarette au point où Bouchareb a dit: «Tu ne sais pas tenir une cigarette?». Que pense votre père des spectacles que vous donnez? Mon père ne pense pas, parce qu'il est décédé en 2003. Ce que je peux dire sur mon père et qu'il a prié pour moi et c'est grâce à ses prières que j'ai percé réellement en 2003. C'est en réalité grâce à ses prières et à la volonté de Dieu que je suis arrivé là où je suis aujourd'hui. Voilà c'est tout ce que j'ai à dire. (très ému). Une dernière question. Comment se fait-il que malgré les nombreux humoristes en Algérie, peu font le stand-up ou le one-man-show? Parce que ce n'est pas facile de jouer face à des centaines de personnes. Mais certains ont tenté leur chance sans réussir comme Hakim Dekkar, Bouakaz.... Ils ont tenté, mais ils ont lâché, parce ce que ce n'est pas facile de tenir un public et de le faire rire toutes les deux ou trois secondes pendant deux heures. Il y a des humoristes qui parlent 10 minutes pour décrocher un sourire. Ceux-là ne vont pas aller loin. Ce n'est pas le fait que vous ayez ramené la célébrité de France que vous avez tout ce succès? Ce que tu viens de voir aujourd'hui, je l'ai raconté il y a deux ans, mais personne ne m'écoutait. Aujourd'hui, tout le monde m'écoute, parce qu'ils ont vu ce que je vaux.