Charme et humour Humour décapant, chaleur, musique, rire, folie et dérision étaient tous réunis pour faire de ce spectacle haut en couleur un rendez-vous phare et exclusif des soirées de Broshing Events durant ce Ramadhan. Ouvrez les vannes et laissez les moqueries couler comme un flot, un flot de mots bien grinçants mais hilarants! Il fait marrer les gens là où il passe. Il vanne tout le monde. Les Noirs, les Arabes, les femmes et les enfants. Son talent n'a d'égal que ses tirades et mots mordants qu'il sème à tout vent. Patson, de son vrai nom Patrice Mian Kouassi qui s'auto-surnomme «beau gosse» et ennemi des jeunes femmes, est un humoriste ivoirien. Aprés avoir fait le plein au palais des glaces, à l'Olympia, puis devenu carrément, «sociétaire» au Jamel comedy club (France), enregistré un duo avec Mokobe, le voilà qui a atterri en Algérie. Vendredi dernier en soirée, le talentueux humoriste s'est produit en exclusivité et pour la première fois en Algérie à Khaïmetkoum chez Djezzy. Son spectacle a allié l'humour à la musique sur une gestuelle décapante pour mieux accentuer le show. «Les Arabes levez les mains, les Noirs fouillaient les poches.» Le ton est donné. Des vannes, que des vannes, Patson aime la raillerie, se moquer est le temps fort de son spectacle. Son jeu favori. Ce n'est pas méchant, non. Qui mieux que soi pour se tourner en dérision? Patson malin, adapte son spectacle à l'ère ramadhanesque. L'interactivité opère allègement puisqu'il se met à dialoguer avec son public en lui demandant s'il pratique le jeûne. «Pourquoi quand vous faites le Ramadhan vous êtes fâchés le matin?», demande-t-il presque naïvement? Des vérités crues qu'il retourne à son avantage. Le blanc Français fera aussi les frais de sa prestation satirique. Les hommes, mais aussi les femmes politiques français passent aussi à la trappe. Sarkozy, Ségolène Royal, Brice Hortefeux, Roslyne Bachelaux et même Ingrid Betancourt «qui nous a escroqués» sont décrit avec des traits grossis, acérés. L'artiste remercie aussi son mentor Jamel Debbouze, pour l'avoir emmené au Maroc. La transition est toute faite, Royal Maroc prend pour son grade («on passe une heure à attendre à l'aéroport») puis de se «casser» Air France. Pour mettre plus d'ambiance, Patson fait appel à la musique africaine et les traits saillants de sa culture. Notre culture: Les youyous. Il évoque les Noirs obsédés sexuels et radins, la misère des Africains, mais aussi leur sensualité réputée aussi, leur règles infaillibles de drague... Puis de retour à Paris, Patson se met à deviser sur les jeunes qui «ne savent plus vivre». Patson se donne à coeur joie. La caricature est au summum et fait exploser de rire le public, même si on sent que cela s'adresse beaucoup plus à un public français. Qu' à cela ne tienne, il y a des images qui font rire dans n'importe quelle langue ou nationalité! Patson se met à railler le langage des jeunes, leur façon de s'habiller et de se comporter en brandissant le rap comme éternel moyen d'expression... Sans doute, il parle de ces milliers de jeunes africains, entre beurs et Noirs qui vivent entre rapines et vols dans les banlieues... Des clichés, bien entendu, auxquels l'artiste ose s'attaquer avec une franche rigolade. Patson raille aussi cette nouvelle souplesse et passivité dans l'éducation actuelle des enfants. Le résultat? des enfants dominants et agressifs et des parents dociles et conciliants. «Aujourd'hui, ce sont les professeurs qui ont peur d'aller à l'école». La vie de tous les jours, la société dans toute sa vérité crue, en ce qu'elle a de bien et de mauvais, passe au scalpel. Patson fait une sorte de radiographie de la vie sociale en France. La télé, elle aussi, n'est pas non plus du goût de Patson qui dit qu'«elle pourrit l'esprit des enfants». Patson se met un moment dans la peau d'un machiste sexiste et rallie à son opinion les garçons du chapiteau de khaïmetkoum face au mécontentement des femmes. Les garçons jubilent bien entendu. Sans transition, Patson évoque également le foot pour toucher à la virilité des Algériens dont la fierté a été mise à rude épreuve lors de la derrière Coupe du monde. Patson aime nous énerver, titiller notre patience pour finir par nous faire une grande déclaration d'amour! Sacré Patson. Qui aime bien, châtie bien! Et le public le lui rend bien. A l'approche de la fin du spectacle - qui a péché par quelques moments de flottement la voix de Patson s'adoucit et se met sur le ton de la confidence. Un groupe d'amis à lui se sont fait «tabasser» par un raciste blanc. Ce n'était q'un rêve en fait, mais qui, hélas! existe bel et bien au quotidien. Patson plaide «pour le vivre-ensemble» et affirme que «le monde c'est le métissage». Le clou du spectacle est encore plus savoureux, car inattendu. L'artiste fait monter des garçons et des filles pour des prestations scéniques des plus sympathiques et remuantes. Ce n'est pas tout le monde qui sait se déhancher sur un air de «coupé-décalé». Si les filles ont pu s'en sortir haut la main, les garçons ont encore des efforts à faire. Ils doivent impérativement revoir leur copie en matière de danse, à défaut de perde des kilos! Comme festin, ce fut un régal. Merci Patson!