Le «OK» que Sidi-Saïd s'apprête à donner à Ouyahia s'accompagne de quelques conditionnalités. Le suspense, si suspense il y a eu, aura finalement été de fort courte durée. La Centrale Ugta, en effet, oeuvrait hier, à apporter les dernières retouches à sa réponse destinée au chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, concernant le projet de loi sur les hydrocarbures, deuxième du nom. Des sources proches de la direction nationale de l'Ugta, qui refusent de dire quoi que ce soit avant que la réponse ne soit remise au chef du gouvernement, n'hésitent toutefois pas à prévoir que «la réponse sera positive». En fait, si ce délai de trois jours a été demandé, c'est surtout pour la mise en forme du texte final, mais aussi pour la consultation, tout à fait «formelle» des syndicalistes du secteur. Quelques réserves seront quand-même contenues dans le document que Sidi-Saïd s'apprête à remettre à Ouyahia. Il s'agira surtout de questions liées au droit syndical ainsi qu'à la préservation des emplois et à la création d'autres en aval de l'industrie pétrolière, aussi bien sur les sites d'extraction que sur ceux où se font les différents raffinages. Nos sources expliquent cette acceptation par le fait que «le gouvernement, après deux années de gel de son ancienne mouture, intervenue à la suite de la grève nationale et générale de deux jours, très massivement suivie, a sensiblement reculé sur l'ensemble des objections soulevées à cette époque par l'Ugta». Sur le plan pratique, il ne sera nullement question de privatisation de la Sonatrach, même si celle-ci, qui sera graduellement placée sur un pied d'égalité avec les autres entreprises pétrolières mondiales, n'aura pas d'autre choix, au bout de quelques années d'application de cette nouvelle loi, qu'ouvrir ses capitaux sous peine d'être noyée par la concurrence. Mais nous n'en sommes certes pas là. Sonatrach, contrairement à ce qui était également prévu dans l'ancien texte, pourra garder l'ensemble des puits et périmètres d'exploration qu'elle voudra, et ne sera même plus tenue de construire de nouveaux gazoducs et pipelines, comme cela a toujours été le cas jusqu'à présent. Ce n'est pas tout. L'Etat ne se retirera pas au profit de la fameuse autorité de régulation, dont la mise en place a été supprimée dans l'ancien texte. Seul point noir au tableau, si l'on excepte, comme de juste, les conséquences indirectes liées à cette loi dans les moyen et long terme, c'est bien la libération des prix du carburant, dont le coût, au bout d'une dizaine d'années, avoisinerait les 60 DA le litre, selon les estimations faites par d'éminents experts. Nous reviendrons en détail sur ce nouveau projet de loi dans notre édition de demain.