Les flottes maritime et aérienne nationales seront renforcées Faute d'ouvrir le secteur des transports aux investissements privés, le gouvernement essaie de le développer. Difficilement. Le secteur des transports, bien qu'il n'ait plus de ministère propre puisqu'il a été rattaché à celui des travaux publics lors du dernier remaniement ministériel, est promis à des jours meilleurs. C'est du moins ce que laissent comprendre les déclarations du ministre des Travaux publics et des Transports, Boudjema Talai. Ce dernier a, en effet, déclaré jeudi, en marge d'une cérémonie de sortie d'une promotion d'ingénieurs d'état, en mécanique marine, abritée par l'Ecole nationale supérieure maritime (Ensm) de Bou Ismaïl(Tipasa), que la flotte maritime et aérienne nationales seront renforcées pour faciliter les voyages aux Algériens et étrangers qui se rendent en Algérie. De plus, devant le patron de le Dgsn, le général-major Abdelghani Hamel, l'ambassadeur du Cameroun, une diplomate de l'ambassade de Côte d'Ivoire, les représentants de la Marine nationale, les autorités civiles et militaires de la wilaya de Tipasa, il a fait savoir que des lignes nationales et internationales seront ouvertes dans les prochaines semaines, notamment en prévision de la saison estivale. «Les services d'Air Algérie et de l'entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (Entmv) sont fins prêts pour garantir un transport sans encombres des citoyens, à la fin du mois sacré du Ramadhan, au même titre que des membres de la communauté algérienne résidant à l'étranger, attendus en grand nombre, en perspective de la saison estivale», a-t-il dit dans ce sens. Néanmoins, ces mesures ne sont pas des actions isolées et limitées dans le temps. Elles s'inscrivent dans un vaste plan de restructuration du secteur de sorte à l'adapter aux exigences du marché. Il y à peine quelques jours, la Compagnie nationale de navigation (Cnan) a décidé de réduire les coûts de transport de marchandises pour les exportations hors hydrocarbures de 50%. Cette réduction s'inscrit, a-t-on expliqué, dans le cadre de la politique gouvernementale de promotion des exportations et, à travers elle, la production nationale. Cette réduction s'inscrit également dans le cadre de la réorganisation et modernisation de la Cnan qui prévoit un plan de filialisation et sa dotation en moyens logistiques modernes en mesure d'améliorer ses performances. Ces nouvelles mesures ont provoqué un effet positif dans les milieux d'affaires d'autant plus que, en plus des réductions, des lignes directes vers l'Afrique sont prévues pour les mois à venir. En effet, une ligne directe vers le Soudan qui reliera les ports algériens au Port-Soudan va bientôt être ouverte avec un départ par mois et une perspective d'élever le nombre de départs mensuels à deux. A relever également que Boudjema Talai a qualifié récemment le coût élevé du transport maritime de «désastre» en prévoyant sa réduction. «Le coût du transport représente en Algérie 30% de la valeur du produit alors qu'il varie, selon les normes internationales, entre 15 et 18%», a-t-il indiqué en révélant, en outre, que, en 10 mois, le coût de la logistique a atteint 3,4 milliards de dollars pour le transport maritime. Dans ce sillage, il a annoncé une réduction des tarifs ainsi que l'acquisition de 27 navires d'ici 2019 afin de couvrir 30% de besoins de l'Algérie en transport maritime. Pour précision, le transport maritime et le transport aérien restent monopolisés par l'Etat. Le manque de concurrence se répercute amplement sur les prix du transport et rend l'Algérie beaucoup moins compétitive en matière d'exportations que, par exemple, le Maroc et la Tunisie. En effet, en plus de leur expérience appréciable, chacun des deux pays compte plus de 1500 entreprises exportatrices, le transport est à 40% moins cher chez eux qu'en Algérie. De plus, les containers qui arrivent en Algérie repartent souvent vides, ce qui occasionne une double perte pour l'Algérie. Pourtant, de l'aveu même de l'ex-ministre des Transports, «le transport, dans ses différents segments, est la locomotive de l'économie». Ainsi, faute d'ouvrir le secteur des transports à l'investissement privé, le gouvernement algérien s'emploie à le développer et à le renforçer tout en veillant à garder le monopole d'Etat absolu. Naturellement, cette situation n'est pas la meilleure. Mais «oeuvre modeste vaut sans doute mieux que paresse.»