La barrière de séparation et le retrait de l'armée israélienne jusqu'aux lignes d'avant-l'Intifada de septembre 2000, ont été éludés. Apprécié à sa juste valeur, aussi bien par les chancelleries occidentales que par la presse internationale, l'accord de cessez-le feu décidé, mardi à Charm El Cheikh, par le président de l'Autorité palestinienne et le Premier ministre israélien, a éludé le volet politique du conflit. Certes, les deux belligérants se sont mis d'accord sur la fin des violences, premier pas important sur la voie de la paix, mais les dossiers politiques ont été renvoyés aux calendes grecques. Les factions armées palestiniennes, notamment le mouvement Hamas, considèrent que l'accord Abbas-Sharon n'engage que l'Autorité palestinienne. «Le Hamas maintient sa position qui n'a pas changé : il n'y aura pas de trêve véritable avec Israël sans contrepartie véritable». Pour le Hamas, la libération de tous les prisonniers et détenus, le retour des réfugiés et le départ de l'armée israélienne des territoires occupés sont les principaux préalables à toute trêve, estime Mouchir Al-Masri, porte-parole du Hamas. Les exigences des mouvements palestiniens «bénéficient d'un soutien national. Si Israël ne répond pas à ces demandes, cela veut dire qu'il n'y a pas d'accord», a-t-il déclaré. La réaction du mouvement était paradoxale, pour la simple raison que les principaux groupes islamistes armés palestiniens, dont le Hamas, s'étaient pourtant engagés auprès de M.Abbas à observer une «période d'accalmie». D'après des rapports de presse, les déclarations de Abbas et Sharon ne sont qu'au stade d'intentions puisque les deux hommes auraient refusé, en dépit des efforts du président Hosni Moubarak, de signer une déclaration commune. «La logique sécuritaire d'Israël a prévalu sur l'approche politique d'Abou Mazen», a indiqué un membre de la délégation. D'ailleurs, le président égyptien avait appelé, lors de son discours, à une reprise le «plus tôt possible» des négociations politiques entre Israéliens et Palestiniens. Le chef de l'Etat égyptien s'est référé à plusieurs reprises à la Feuille de route comme cadre indispensable pour la solution du conflit. Il est utile de rappeler que la Feuille de route est un plan élaboré par l'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne et la Russie, prévoyant la fin des violences et la création d'un Etat palestinien en principe en 2005. Pour sa part, le Premier ministre israélien s'est borné à privilégier son propre programme de retrait unilatéral de la bande de Gaza et de quatre colonies isolées du nord de la Cisjordanie. De même que la libération par étapes de 900 prisonniers palestiniens. Une mesure jugée insuffisante par les autorités palestiniennes qui insistent sur une révision des critères de libération des détenus palestiniens par Israël. Par ailleurs, la question de la barrière de séparation érigée par Israël en Cisjordanie et celle du retrait de l'armée israélienne jusqu'aux lignes d'avant l'Intifada de septembre 2000, semblent avoir été éludées, de même que celle de l'arrêt de la colonisation juive dans les territoires palestiniens. De son côté, le chef de la diplomatie israélienne Sylvan Shalom, a annoncé hier qu'il lançait une campagne en vue d'organiser un référendum sur le retrait de la bande de Gaza auquel le Premier ministre Ariel Sharon est totalement opposé. Idem pour le ministre israélien de la Défense qui aurait décidé, indique la Radio publique israélienne d'autoriser un millier de Palestiniens de la bande de Gaza à venir travailler en Israël. Selon la radio, M.Mofaz a aussi autorisé plusieurs centaines de Palestiniens de la bande de Gaza à travailler dans la zone industrielle de Erez, située juste de l'autre côté de la frontière avec Israël. Enfin, même si les questions de fond ont été écartées du sommet Abbas-Sharon, il reste que le retour à la paix favorisera le règlement du conflit dans le cadre d'un dialogue politique et dans le strict respect de la légalité internationale.