«Nous sommes tombés d'accord pour mettre fin à tous les actes de violence..» Le sommet de Charm El Cheikh s'est achevé hier en début d'après midi avec un ouf de soulagement de part et d'autre de la barrière de séparation en Cisjordanie. En effet, Abbas et Sharon avaient convenu de mettre fin aux violences. Pour la première fois, Israéliens et Palestiniens s'engagent à mettre un terme et dans l'immédiat à toutes les opérations militaires ayant émaillé les deux Intifadas. D'après les observateurs, l'après-Arafat a commencé avec la venue à la tête de l'Autorité palestinienne d'un homme connu pour son hostilité à l'action armée. La «promesse» d'Abbas d'arrêter toutes opérations contre Israël est confortée par l'acceptation de plusieurs factions palestiniennes à arrêter leurs attaques contre Israël et ce, même si le Hezbollah presse des groupes extrémistes palestiniens de commettre des attentats en vue de saboter le sommet de Charm El-Cheikh. «Je suis tombé d'accord avec le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, pour mettre fin à tous les actes de violence contre les Israéliens et les Palestiniens où qu'ils soient», a déclaré M. Abbas. «Le calme que nos territoires connaîtront à partir de ce jour, signale le début d'une nouvelle ère, un début pour la paix et l'espoir», a ajouté le président de l'Autorité palestinienne. «Ce que nous avons annoncé aujourd'hui est l'application de la première clause de la Feuille de route (..) et une étape essentielle nous offrant une occasion de remettre le processus de paix sur les rails et redonnant aux deux peuples, espoir et confiance en la possibilité de parvenir à la paix», a indiqué le successeur de Yasser Arafat.. Par ailleurs, l'annonce du retrait graduel de l'armée Israélienne des cinq villes palestiniennes, devant conduire à un retrait de Cisjordanie, est un autre signe encourageant quant à un retour à la paix, a estimé Nabil Chaath. D'après le ministre palestinien des Affaires étrangères, des divergences subsistent au sujet des prisonniers palestiniens qu'Israël doit libérer prochainement. Même si le Premier ministre israélien a annoncé la libération des centaines de détenus palestiniens, pour M.Chaath, cette mesure ne touchera «que des personnes à qui il ne reste qu'un ou deux mois à purger alors que nous avons des prisonniers détenus depuis plus de vingt ans et ce sont ceux-là que nous souhaitons voir libérés.» Rappelons que quelque 8.500 Palestiniens sont détenus, dont 4000 dans des prisons en Israël et le reste dans des camps de détention de l'armée en Cisjordanie, selon les chiffres israéliens. Le gouvernement d'Ariel Sharon a annoncé avant le sommet, la prochaine libération de 900 prisonniers, mais les Palestiniens jugent ce nombre insuffisant et exigent d'être associés pour déterminer les critères utilisés pour décider des libérations. Avant l'ouverture du sommet, la menace d'attentats planait sur la Cisjordanie où les services de sécurité israéliens ont été placés en état d'alerte. Les forces de l'ordre ont également multiplié les barrages routiers pour empêcher que des Palestiniens de Cisjordanie ne s'infiltrent en Israël pour y commettre des attentats. Le sommet de Charm El Cheikh, à travers ses principales décisions, demeure une étape considérable dans le processus de paix israélo-palestinien. Le plus gros reste à faire, d'autant plus que rien n'est encore acquis du côté des groupes de résistants palestiniens qui peuvent changer d'avis d'un moment à l'autre. Un accord politique global s'impose donc entre les deux parties, en vue d'aboutir à une paix durable. C'est la vision du président égyptien qui a appelé hier à une reprise des négociations politiques entre Israël et les Palestiniens, à l'ouverture de la séance plénière du sommet de Charm El Cheikh. Le chef de l'Etat égyptien, qui parlait en son nom et au nom du roi Abdallah II de Jordanie, a appelé à une «application sincère et honnête» de la Feuille de route, un plan de paix parrainé par les Etats-Unis, l'ONU, la Russie et l'Union européenne, prévoyant la création d'un Etat palestinien, en principe en 2005. Le sommet de Charm El Cheikh a aussi permis le dégel des relations entre Israël, l'Egypte et la Jordanie. D'ailleurs, le Caire et Amman ont décidé de renvoyer leurs ambassadeurs respectifs en Israël, a annoncé le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, à l'issue du sommet. Les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs en septembre 2000 pour protester contre la répression de l'Intifada palestinienne qui avait suivi la venue d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des mosquées à Jérusalem. Cependant, en dépit des résultats encourageants issus de ce sommet, des spécialistes au fait des affaires du Proche-Orient mettent en garde contre un excès d'optimisme. Pour eux, l'après-sommet demeurera le véritable test.