Par l'attentat suicide perpétré par l'un de ses membres, mardi en fin d'après-midi à Natanya, au nord de Tel-Aviv, le Djihad islamique a fait renaître le spectre des attentats suicides en Israël, dont le dernier, revendiqué aussi par le même mouvement radical, remonte à cinq mois. Ce genre d'attentats, fréquents au cours de l'Intifadha El Aqsa, déclenchée en septembre 2000, n'était plus sur l'agenda des mouvements palestiniens armés depuis la conclusion d'un accord avec la direction palestinienne et le président Mahmoud Abbas d'une accalmie ponctuée d'un accord de cessez-le-feu entre lui et le Premier ministre israélien Ariel Sharon, à Charm El Cheikh, en Egypte, au mois de février dernier. Ce nouvel attentat, qui s'est produit à l'entrée d'un grand centre commercial, a entraîné la mort de trois Israéliens en plus de l'auteur de l'attaque kamikaze. Par ailleurs, plus de 40 personnes ont été blessées. Un mouvement de grande panique s'est emparé des personnes proches du lieu de l'attentat. Survenu quelques jours après les attentats de Londres, que le monde entier, y compris les Palestiniens, a désapprouvé, celui de Natanya a réussi à mettre la direction de l'Autorité palestinienne dans l'embarras. Le président Abbas l'a qualifié d'acte terroriste qui nuit aux intérêts nationaux du peuple palestinien, surtout qu'il survient avant le retrait israélien de la bande de Ghaza, prévu le mois prochain. Saëb Erekat, chef des négociateurs palestiniens, a indiqué que « l'objectif de l'attaque est de détruire les efforts déployés afin que le retrait de Ghaza ait lieu de façon organisée et pacifique ». Israël a immédiatement opéré un bouclage strict et complet des territoires palestiniens, déclarant la bande de Ghaza et la Cisjordanie comme régions militaires fermées. Les représailles israéliennes sont allées plus loin avec la réoccupation de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie, passée sous contrôle sécuritaire palestinien, le 21 mars, à la suite du sommet de Charm El Cheikh. Un raid mené par l'armée israélienne, mercredi à l'aube, s'est soldé par la mort d'un membre de la sécurité nationale palestinienne et l'atteinte d'un autre de graves blessures. Le kamikaze de Natanya est un jeune de 18 ans, originaire d'un village proche de Tulkarem. Un responsable israélien a précisé que la décision de remettre les pouvoirs sécuritaires à l'Autorité palestinienne à Ramallah, Bethlehem et Kalkiliya, trois villes de Cisjordanie occupée, était gelée. Ces localités avaient été réoccupées au cours de l'actuelle Intifadha. Après la réoccupation de Tulkarem, seule Ariha reste sous la responsabilité de l'Autorité palestinienne. Le Djihad islamique, dont les chefs et les membres sont actuellement dans la ligne de mire de la machine de guerre israélienne, vient de donner une occasion en or à Israël pour se présenter comme la victime d'un terrorisme islamiste mondial, à l'instar des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Espagne et de l'Occident en général. La défense de la construction du mur de « séparation raciste », qui empêchera toute création d'un Etat palestinien indépendant, jouissant d'une continuité territoriale, devient donc beaucoup plus aisée, dès lors que les Israéliens présentent cet ouvrage comme le seul moyen qui leur permettra d'empêcher justement ce genre d'attentat.