Des raids aériens et des combats ont fait en moins de 24 heures 80 morts, dont 37 civils, au Yémen sur fond de blocages persistants dans des pourparlers de paix organisés sous l'égide de l'ONU. Ces 80 morts s'ajoutent à 42 personnes tuées lundi dans une série d'attentats contre des militaires, revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans un ancien bastion de son rival Al Qaîda dans le sud-est. La situation militaire s'est gravement détériorée depuis la semaine dernière au Yémen, alors que des négociations depuis le 21 avril à Koweït entre le gouvernement yéménite et les rebelles chiites Houthis devraient être suspendus la semaine prochaine pour l'Aïd el-Fitr. En visite dimanche à Koweït, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait exhorté les protagonistes du conflit à travailler avec son émissaire au Yémen pour «convenir d'une feuille de route de principes et parvenir rapidement à un accord global» pour mettre fin à 15 mois de guerre. Mais sur le terrain, l'aviation de la coalition sous commandement saoudien, qui intervient au Yémen en soutien aux forces gouvernementales, a lancé dans la nuit de lundi à mardi des raids contre les rebelles dans le sud de la province de Taëz (sud-ouest), selon des sources militaires. Les raids, qui ont visé un véhicule chargé d'armes à un croisement de routes très fréquenté, ont fait 34 morts, dont 15 rebelles, ont indiqué ces sources. «Parmi les morts, figurent 19 civils, dont quatre femmes», a précisé un responsable provincial, indiquant que le véhicule militaire a été détruit dans les raids, survenus peu après minuit hier. Dans la ville de Taëz, chef-lieu de la province éponyme, 11 civils et un soldat été tués par des tirs rebelles contre des quartiers résidentiels, a rapporté une source militaire, ajoutant que 9 militaires loyalistes ont été blessés dans le bombardement. Plus au sud, des renforts militaires ont été acheminés dans la province de Lahj par les forces gouvernementales qui cherchent à reprendre des positions, conquises ces derniers jours par les rebelles autour de la base aérienne d'Al-Anad, la plus grande du Yémen, ont indiqué des sources militaires. Douze rebelles et trois soldats ont aussi péri dans des combats sur le front de Nahm, au nord-est de la capitale Sanaa, alors que six autres rebelles et deux militaires ont été tués dans des affrontements à Marib, à l'est de Sanaa, a-t-on ajouté. Dans ce secteur, un avion de combat de la coalition a bombardé «par erreur» un véhicule des forces gouvernementales, tuant quatre soldats et en blessant quatre autres, selon un responsable de la 3e région militaire. Dans le sud, au moins sept civils ont été tués hier dans deux raids aériens contre des jihadistes d'Al Qaîda, qui ont touché «par erreur» une maison, selon un responsable et des sources tribales. Les raids ont été menés à l'aube, «probablement par un drone», dans la région d'Al-Mahfed, contrôlée par des combattants d'Al Qaîda dans la Péninsule arabique (Aqpa), a indiqué un responsable local. «Les raids ont touché par erreur une maison de la famille Lachaab, tuant sept membres de cette famille, dont deux femmes, une adolescente et deux fillettes», a ajouté le responsable. Entre vendredi et dimanche derniers, des combats et des raids aériens avaient déjà fait 74 morts sur différents fronts yéménites. La coalition sous commandement saoudien opère au Yémen depuis mars 2015 en soutien aux forces gouvernementales, alors que les Etats-Unis mènent campagne avec des drones contre les jihadistes d'Al Qaîda, notamment dans le sud et le sud-est du Yémen. Ces développements sont intervenus après une série d'attentats contre l'armée yéménite lundi à Moukalla (sud-est) ayant fait 42 morts et qui ont été revendiqués par l'EI. Moukalla, chef-lieu du Hadramout, est un ancien bastion d'Al Qaîda d'où le réseau extrémiste a été chassé en avril sous la pression de la coalition arabe, après l'avoir administré pendant un an.