Seize historiens et intellectuels français et algériens ont demandé samedi dernier à la France de restituer les crânes des résistants algériens de 1849, détenus au Museum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris, pour «rappeler l'histoire de la colonisation». Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, intitulée «Les têtes des résistants algériens n'ont rien à faire au Musée de l'homme», le collectif signataire de cette tribune, dont Mohammed Harbi, Benjamin Stora, Olivier Le Cour Grandmaison, Gilles Manceron et Alain Ruscio, a souligné qu'il veut «contribuer à sortir de l'oubli l'une des pages sombres de l'Histoire de France, celles dont l'effacement participe aujourd'hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française». Ils ont affirmé soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrier ces dépouilles dans leur pays, pour «leur donner une sépulture digne, comme cela fut fait pour les rebelles maoris ou le résistant kanak Ataï et ses compagnons (en 2014)», rappelant les détails historiques de la révolte des Algériens de Zaâtcha contre l'occupation française. «En 1847, les militaires français croient que c'en est fini des combats en Algérie, après plus de 10 ans d'une guerre de conquête d'une sauvagerie inouïe. Mais, début 1849, dans le Sud constantinois, le cheikh Bouziane reprend le flambeau de la résistance. Après des affrontements, il se retranche dans l'oasis de Zaâtcha, véritable cité fortifiée où, outre des combattants retranchés, vivent des centaines d'habitants», ont relaté les historiens et intellectuels, dont parmi eux figurent Pascal Blachard, Raphaëlle Branche, Christiane Chaulet Achour, Didier Daeninckx (écrivain), René Gallissot, François Gèze (éditeur), Aïssa Kadri, Gilbert Meynier, François Nadiras (Ligue des droits de l'homme), Tramor Quemeneur et Malika Rahal. Pour les signataires, il était «important» de relayer la pétition lancée en 2011 par l'historien algérien à l'origine de cette découverte, Ali Farid Belkadi, et celle lancée récemment par Brahim Senouci, «en rappelant la raison de la présence dans un musée parisien de ces restes mortuaires, à partir de l'histoire de l'un d'entre eux: le crâne du cheikh Bouziane, chef de la révolte de Zaâtcha en 1849, écrasée par une terrible répression, emblématique de la violence coloniale». «Après d'âpres combats, au cours desquels les Français subissent de lourdes pertes, l'oasis est conquise», ont-ils ajouté, citant le témoignage de Charles Bourseul, un «ancien officier de l'armée d'Afrique», dans lequel il écrivait: «Les maisons, les terrasses sont partout envahies. Des feux de peloton couchent sur le sol tous les groupes d'Arabes que l'on rencontre. Tout ce qui reste debout dans ces groupes tombe immédiatement sous la baïonnette.