L'épreuve qu'ont vécue les fonctionnaires de l'éducation, les candidats et leurs parents, a fait découvrir un réel intérêt de la société pour cet examen. Les résultats du baccalauréat seront disponibles ce soir à 20 heures, a annoncé, hier, la ministre de l'Education nationale. Mme Benghebrit, qui a été confrontée au plus grand défi de ces dix dernières années a donc accompli sa mission, malgré les grandes tensions à l'origine des fuites organisées qui ont perturbé le déroulement de la cession du 29 mai dernier. Il aura fallu à la ministre de faire face à une pression sans précédent dans l'histoire de l'école algérienne et d'organiser une session partielle qui a concerné plus de 555.000 candidats. La gageure de la ministre qui avait, faut-il le rappeler, le soutien du gouvernement, était de remettre des milliers de fonctionnaires au travail et préparer un autre examen national en l'espace de trois petites semaines. Ce fut fait et sans que l'on enregistre la moindre fuite. Les premières bribes d'information sur les résultats finaux donnent un taux de réussite appréciable des scientifiques, une percée «historique» des candidats de la filière mathématiques et une petite méforme des littéraires. Mais au-delà des aspects pédagogiques qui seront étudiés en leur temps, le grand enseignement que l'on peut tirer du baccalauréat 2016 est que c'est une institution à laquelle les Algériens tiennent plus que tout. L'on a découvert que le bac n'est pas seulement une affaire de candidats et de leurs parents, mais un fait sociétal établi. Quel que soit le niveau atteint par l'école algérienne, les efforts qu'il va falloir fournir pour la tirer vers le haut ou même la déception qu'elle peut susciter pour certains, tout le monde s'accorde sur la nécessité de protéger et promouvoir l'institution du baccalauréat en Algérie. A ce propos, ce jeudi seront organisés à Alger, des ateliers dédiés à la réforme de cet examen. Quoi qu'il en sorte, il est évident que les Algériens ne resteront pas insensibles et débattront sans doute la nouvelle formule du bac. En tout état de cause, l'épreuve qu'ont vécue les fonctionnaires de l'éducation, les candidats et leurs parents, a fait découvrir un réel intérêt de la société pour cet examen et surtout pour l'équité et contre la triche. Scandalisés par l'ampleur des fuites, les Algériens réclament des sanctions exemplaires à tous ceux qui se sont rendu coupables de ces triches. Il serait imprudent pour l'Etat de «passer l'éponge» ou de glisser ce problème «sous le tapis». Toute la société est en attente d'un procès régulier et public des fauteurs de troubles et exige des punitions tellement fortes qu'il ne viendrait à l'idée de personne de jouer avec l'institution du baccalauréat sous quelque motivation que ce soit. La publication des résultats met un terme au «cauchemar», mais il faut veiller à ce que pareil scénario ne puisse se reproduire dans le futur. Le ministère de l'Education nationale sait aujourd'hui l'importance et l'impact des réseaux sociaux et il faudra trouver, à l'avenir, un moyen efficace pour en éviter les nuisances. Cela dit, cet épisode est déjà derrière nous. Le temps sera très bientôt à la joie des reçus et à la peine des recalés. L'Algérie entre dans une phase que tous les peuples qui passent par la trappe du bac connaissent. Mais à en croire les premières bribes d'information, il y aura plus d'heureux que de malheureux. Le taux global de réussite est en sensible hausse, dit-on, il pourrait même être «historique». Mais il faut aussi se dire que l'objectif final est encore très loin d'être atteint, à savoir une école réellement performante qui participe activement au développement de la nation.