Soutenue par le gouvernement et les syndicats du secteur ainsi que les associations de parents d'élève, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a annoncé hier, la reprogrammation partielle de certaines épreuves de l'examen du baccalauréat, celles ayant fait l'objet de fuites des sujets, et ce du 19 au 23 juin. La première responsable du secteur de l'éducation a donné hier les informations relatives à la réorganisation partielle du bac 2016. Les candidats vont refaire les disciplines dont la fuite a été confirmée par les services habilités. Il s'agit de sept disciplines de la filière « sciences expérimentales », les épreuves des mathématiques, des sciences de la nature et de la vie, de physique et d'anglais, de français et d'histoire géographie et de philosophie. Ces quatre dernières disciplines seront, selon la ministre, totalement ou partiellement partagées avec d'autres filières (mathématiques, technique mathématiques, et gestion et économie) La ministre a affirmé qu'en raison de la concentration encore vivace des candidats, la réorganisation des disciplines ayant fait l'objet de fuite, a été décidée les 19 ,20 ,22 et 23 juin 2016. Nouria Benghabrit rassure en affirmant que « le calendrier des examens est volontairement aéré pour permettre à nos candidats durant ce mois de ramadhan, d'être à l'aise. » Elle explique dans les détails que l'épreuve des Maths est prévue lundi 20 juin de 9h00 à 12h30. L'épreuve des sciences est programmée pour le mercredi 22 juin de 9h00 à 13h30 et l'épreuve de physique pour le jeudi 23 juin, de 9h00 à 12h30. La ministre de l'Education a annoncé que les retardataires aux épreuves objet de réexamen sont autorisés à se présenter. Une annonce faite sous les applaudissements des journalistes et des syndicats du secteur. Des applaudissements qui ont redonné de la couleur et de l'éclat au visage de la ministre qui semblait fatiguée. Intransigeante, elle affirme que les fraudeurs, objet de rapports de triche confirmés ne seront pas autorisés à repasser les épreuves concernées en application de la réglementation en vigueur. En s'adressant aux candidats concernés, la ministre a annoncé que la date de retrait des convocations, avec l'identification des établissements de déroulement des épreuves, est prévue à partir du 13 juin 2016. Par ailleurs, Benghabrit a indiqué que les résultats du bac pour toutes les filières seront annoncés en même temps, durant la première quinzaine de juillet pour l'ensemble des candidats. Elle rassure les candidats en affirmant que les établissements scolaires resteront ouverts pour les candidats concernés par la réorganisation partielle des épreuves du baccalauréat, afin de leur permettre de réviser en groupe. Elle précise encore que des conseillers d'orientation et des guides seront au coté des candidats pour leur assurer un accompagnement psychologique. La ministre a également précisé que les sujets seront abordables comme ceux déjà abordés. Elle a également exprimé sa détermination à consolider les deux principes contenus dans la Constitution, à savoir « équité et égalité des chances». «Un acte de sabotage contre le pays» Tout en annonçant officiellement la réorganisation partielle du baccalauréat, Nouria Benghabrit a fait une lecture sur les fuites des sujets qui ont entachées le bac 2016. Pour la ministre, les fuites des sujets qui ont émaillé le déroulement de l'examen du baccalauréat ne sont nullement une fraude en vue d'obtenir l'examen. «Organiser la fuite des sujets de telle façon, c'est participer à un acte de sabotage contre le pays». Sans anticiper sur les résultats de l'enquête en cours par les services de sécurité spécialisés en la matière, la ministre accuse en affirmant que « les personnes derrière cet acte criminel voulaient porter atteinte à notre pays dans ce qu'il a de plus précieux, son système d'éducation et d'enseignement». Elle dira en outre : « des esprits malveillants ou plutôt des parties que seule l'enquête des services de sécurité identifiera, ont mené des actes en mesure d'anéantir tous les efforts de la communauté de l'éducation nationale et des ses partenaires, engagés depuis deux années en vue de garantir les réformes du secteur et assurer le déroulement de l'année scolaire et l'organisation des examens dans de bonnes conditions». Nouria Benghabrit a salué par contre la «sagesse» des élèves et de leurs parents qui malgré le traumatisme vécu, ont dénoncé avec vigueur la fuite des sujets. Pour le secrétaire général du SATEF, Boualem Amoura, la fraude au bac est une affaire d'Etat et de l'Etat, ce n'est pas une affaire de la ministre. Il affirme qu'aujourd'hui « rien ne garantit un examen sans fraude, notamment avec le développement des technologies de l'information». Il explique que « la technologie a beaucoup avancé, il y a des hackers qui peuvent pirater des sites». Et de préciser que « l'Egypte a vécue hier, le même scénario et la même méthode, il faut le dire, il y a une mafia internationale». Il poursuit en affirmant que l'Etat avec le concours de toutes les parties, doit affronter ce genre de situation. Abdelouahab Guellil, chef de l'Office national des examens et concours (Onec) abonde dans le même sens en affirmant que la dénonciation doit être un mode de gestion contre la fraude et la triche, que ce soit de la part des responsables ou bien des citoyens. Interrogé sur une prétendue coupure d'Internet durant l'examen du baccalauréat, le président de l'ONEC, affirme qu'il n'est pas habilité de répondre sur cette question et d'affirmer « que le ministère de l'Education n'a pas encore tranché sur cette question » Les syndicats plaident pour une refonte du bac Le SG du Satef a réclamé au même titre que l'ensemble des syndicats la refonte de l'examen du baccalauréat. Une demande qui ne date pas d'aujourd'hui, et qui exige le passage à une autre forme de baccalauréat. « On doit passer du bachotage à l'analyse du sujet et de l'examen ». Pour Boualem Amoura, « il faut arrêter avec le parcoeurisme ». Il a affirmé par ailleurs qu'aujourd'hui (mardi), une réunion est programmée au ministère de l'Education relative à la refonte du baccalauréat. Nouria Benghabrit a affirmé que le ministère entend tirer toutes les leçons de cette pénible épreuve. Pour elle, l'obligation de changement du format, de l'organisation du calendrier du système d'examen national, particulièrement du baccalauréat, sont plus que nécessaires. Elle a affirmé que son département communiquera très prochainement les conclusions de la commission conjointe ministère/partenaires sociaux, installée à cet effet.