Le tête-à-tête, qui a duré 3 bonnes heures, a abordé l'épineuse question de la présidentielle 2004. Le responsables de l'Exécutif national, Ahmed Ouyahia, a reçu ce dimanche au siège du gouvernement, le secrétaire général de l'Ugta. La rencontre, indiquent des sources proches de la Centrale, qui n'a donné lieu à aucune annonce officielle, «fait partie des entretiens cycliques que mène le gouvernement avec ses partenaires sociaux». Les mêmes sources, qui préfèrent s'empeser sur les lieux communs au regard de la complication de la situation politique actuelle, ajoutent que «c'est sur demande d'Ouyahia que la rencontre a eu lieu». On apprend, dans la foulée, que «celle-ci a eu lieu en tête-à-tête ce qui prête à penser que les questions économiques ont peu débordé sur le politique, d'autant que le premier a toujours déterminé le second». C'est du moins ce que nous confirment des sources aussi bien proches du gouvernement que du RND. Celles-ci indiquent que «le Chef du gouvernement aurait tenté de convaincre le secrétaire général de l'Ugta de la nécessité de soutenir un second mandat du président Bouteflika autour duquel une alliance tripartite devait être scellée hier à l'hôtel El Aurassi». Nos sources précisent que le débat aurait eu lieu à fleurets mouchetés puisque le locataire de la Maison du peuple aurait rétorqué qu' «il n'est pas de son ressort de décider au nom d'une organisation syndicaliste représentant quatre millions de travailleurs et fonctionnant selon les règles de la bienséance et de la démocratie». Ainsi, «la date de tenue de la réunion de la CEN (Commission exécutive nationale) a-t-elle été mise en avant pour souligner finement, qu'il appartient à cette instance, et à elle seule, de se prononcer sur le sujet». La CEN, il faut le rappeler, est l'instance suprême de l'Ugta entre deux congrès. Les observateurs estiment que la demande formulée par Ouyahia, qui porte la double casquette de chef du gouvernement et de secrétaire général de l'Ugta, fait partie des pressions directes et indirectes qui sont exercées sur la Centrale afin qu'elle apporte son soutien à un second mandat de Bouteflika. Ce dernier, s'il veut passer sans «accroc», a un besoin absolu de l'ex-syndicat unique, puisque son alliance partisane ne représente que moins du tiers des instances élues du pays alors que tous les observateurs savent que les associations et organisations venues à son secours, y compris celle des coiffeurs (sic) ne jouissent d'aucun ancrage réel sur la société. Depuis que la bataille pour la récupération du puissant FLN a été perdue au profit de son secrétaire général, les partisans de Bouteflika ont compris que la réélection de ce dernier sera problématique sans l'adhésion à leur cause des fameuses quatre millions de voix dont se revendique fièrement la Centrale-Ugta. Une sorte de vente concomitante aurait même été mise sur le tapis, puisque la Centrale avait déjà saisi le gouvernement par rapport à une révision de la loi relative aux relations de travail, notamment son article 87-bis qui se trouve à l'origine de l'absence d'effets notables sur les salaires des travailleurs des secteurs économique et social. Sidi-Saïd, en outre, est tenu d'obtenir un salaire minimum garanti de 15.000 dinars avant la fin de son mandat comme il s'y était engagé lors du dernier congrès de l'Ugta. Ouyahia, qui n'hésite pas à formuler les promesses les plus folles au moment où le président ne cesse de distribuer de l'argent aux régions du pays pour s'assurer de leur soutien massif, peut fort bien promettre, ou avoir promis, une tripartite allant dans le sens d'une nouvelle hausse du Snmg dès après la présidentielle. Reste quand même à dire que la conjoncture a nettement changé depuis 1999 et que le seul moyen de sauver la puissante Centrale de la dislocation, serait qu'elle garde sa neutralité vis-à-vis du scrutin à venir. En somme, un tiens ne vaut pas toujours mieux, que deux tu l'auras...