La spéculation autour d'un remaniement gouvernemental partiel est d'actualité, aujourd'hui plus que jamais. Le chef du gouvernement, désormais confirmé et conforté dans son poste d'homme de confiance du président et de premier responsable de l'Exécutif national, s'apprête, comme nous l'écrivions en exclusivité il y a quelques jours, à se présenter devant les députés de l'APN à l'occasion de la clôture de sa session d'automne. Ahmed Ouyahia, qui compte se plier à cet «exercice» pour le moins inédit, même si la Constitution prévoit que tout nouveau gouvernement présente son programme et Exécutif partant, soumet son bilan au Parlement, aurait ainsi l'intention de faire une véritable démonstration de force devant les représentants du peuple, mais aussi devant celui-ci puisque la séance, prévue vraisemblablement en date du 12 de ce mois, sera également retransmise en direct à la télévision. Maniant avec adresse l'art de la répartie et des formules qui touchent leur but, Ouyahia pourrait consacrer cette sortie, du reste attendue par l'ensemble des observateurs, à expliciter les grandes lignes du programme présidentiel s'agissant des cinq années à venir. Partant, l'événement, qui interviendra quelques jours à peine avant la tripartite qui s'annonce décisive pour les orientations économiques finales de notre pays, permettra de faire le point sur les privatisations lancées sur les chapeaux de roues par le gouvernement puisque pas moins de 1200 entreprises publiques, sur les 1303 que compte le pays, sont mises en vente depuis environ un mois. L'Etat, qui doit se borner dès lors à jouer son strict rôle de régulateur, quitte à ce que, chemin faisant, la situation sociale s'aggrave, devra également «lâcher» son allié des jours sombres qui est l'Ugta. Celle-ci, dotée d'une représentation quasi insignifiante au niveau des entreprises privées, si l'on excepte les plus grandes d'entre elles, risque en effet d'être réduite à sa plus simple expression à la suite de la privatisation de l'ensemble des entreprises publiques algériennes. La Centrale, qui n'a pas dit son dernier mot à ce propos, prévoit même de tenir une rencontre, elle aussi décisive, dès le début de la semaine prochaine. Abdelmadjid Sidi Saïd, en effet, avait accordé quelque deux mois à ses fédérations et unions de wilaya pour tenir des assemblées générales tous azimuts et apporter des réponses concrètes et jouissant du soutien le plus large de la base du plus important syndicat du pays, lequel revendique plus d'un million d'adhérents et trois autres millions de sympathisants, ce qui n'est pas peu dire. Le dossier politique, loin d'être en reste, est aussi lourd que celui d'ordre économique. Ouyahia, qui devrait suivre les traces du premier magistrat du pays, apprend-on de sources proches du Palais du gouvernement, aurait l'intention d'auditionner l'ensemble de ses ministres dans le courant de cette semaine, dans le but de faire le point avec chacun d'entre eux, d'évaluer les réalisations, les prévisions et les besoins de chaque secteur afin d'aller, bien «armé», affronter les élus du peuple. C'est cette information qui vient, une fois de plus, relancer la polémique autour d'un éventuel remaniement ministériel partiel. Toujours est-il qu'Ahmed Ouyahia, qui s'érige en «fer de lance» de la campagne en faveur de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale, défendra avec verve ce très lourd dossier qui vient couronner plus de cinq années de traitement politique de la crise sanglante qu'a vécue l'Algérie. Une partie du voile sur cette démarche, qui continue d'alimenter les commentaires et les spéculations, pourrait également être levée à cette occasion. Le moins que l'on puisse dire c'est que les choses sérieuses ont commencé...