Le gouvernement met les jalons d'un système économique nouveau basé sur la production Le complexe de production d'engrais phosphatés et azotés de Oued Kébérit coûtera 3 milliards de dollars. Il devra entrer en service en 2019. Trois accords d'investissements d'un montant global de 4,5 milliards de dollars ont été signés, hier à Alger, entre deux entreprises publiques nationales et un groupe industriel indonésien. Ces accords de joint-ventures ont été paraphés par les P-DG des groupes, respectivement, Asmidal, Miloud Louhichi, et Manal, Messaoud Houfani, du côté algérien, et le P-DG du groupe indonésien Indorama Corporation, Sri Prakach Lohia. A travers ces accords, il s'agit de la réalisation de trois projets mixtes algéro-indonésiens portant sur le développement et l'exploitation de la nouvelle mine de phosphate de Bled el Hadba (Tébessa), sur la transformation des phosphates pour la production de l'acide phosphorique et d'ammonium phosphate dans la wilaya de Souk Ahras et sur la transformation du gaz naturel pour la production d'ammoniac, de nitrate d'ammonium technique (TAN) et du calcium ammonium nitrate (CAN) dans la wilaya de Skikda. Le ministre de l'Industrie a annoncé récemment la signature de ces trois contrats avec des partenaires étrangers dans le domaine du phosphate dans lequel l'Algérie ambitionne de devenir un grand producteur. La réalisation du projet du doublement de la ligne minière de Tébessa-Annaba permettra de passer d'une capacité de production de 2 millions à 10 millions de tonnes de phosphate. Ainsi, dans le cas où les études de faisabilité de l'exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet confirme la possibilité d'aller vers cet investissement, les 950 km de chemin de fer dans la région de Tindouf seront réalisés car les résultats de cet investissement compenseront l'endettement économique. Ces accords entrent dans le cadre du nouveau modèle de croissance économique du gouvernement. Par ailleurs, le complexe industriel de production d'engrais phosphatés et azotés de Oued Kébérit, dont la construction coûtera au total 3 milliards de dollars, devra entrer en service en 2019. Pour parvenir à la réalisation de ce complexe industriel, l'Algérie fait appel à deux partenaires stratégiques étrangers: le Qatar et la Norvège; une démarche concrétisée par un accord en ce sens signé avec les partenaires étrangers à Doha en juin dernier par les filiales Menal et Asmidal du groupe Sonatrach. Le complexe disposera de trois unités qui produiront 4500 tonnes/jour d'acide sulfurique,1500 tonnes/jour d'acide phosphorique et 3000 tonnes/jour d'un produit intermédiaire utilisé pour la production d'ammoniac. Ce déploiement de l'Algérie dans une filière jusque-là négligée semble prendre une cadence intéressante. Outre les milliers d'emplois que ces contrats signés généreront, le gouvernement ambitionne d'agir très sérieusement sur la facture des importations de ces produits, dans un premier temps, avant de tabler sur un programme orienté spécifiquement vers l'exportation. Le développement exponentiel que devrait connaître l'industrie minière dans les toutes prochaines années est considéré par l'Exécutif comme un axe central de la diversification de l'économie, inscrite dans le nouveau modèle de croissance. Le gouvernement Sellal, qui mise également sur d'autres filières industrielles pour doper la production nationale et investir les marchés étrangers, attend du secteur minier les premiers dividendes, censés intervenir dans les prochaines années. Même si les projets sont assez lourds et les retours sur investissement un peu éloignés dans le temps, il reste que les premiers «fruits» devraient être cueillis aux alentours de 2019. En fait, tous ces joint-ventures, ajoutés aux investissements colossaux dans l'acier et le ciment, structureront la nouvelle industrie lourde algérienne, dont la mission est double, puisqu'elle intervient en tant que facteur intégrateur des industries mécanique, électronique et autres, tout en s'imposant comme secteur générateur de devises fortes. L'ambition est donc bien là, le gouvernement met les jalons d'un système économique nouveau basé sur la production. Il reste à espérer que ce déploiement atteigne son objectif, à savoir réduire la dépendance de l'économie nationale aux hydrocarbures.