L'opposition libanaise a exigé le départ des forces syriennes du Sud Liban et la démission du gouvernement Karamé. Le Liban est confronté à une situation explosive après l'assassinat, lundi, de l'ex-Premier ministre Rafik Hariri. Une tragédie qui risque de replonger le pays dans une autre spirale de violence, si peuple et classe politique ne font pas montre de vigilance et de retenue. En sus de la désapprobation unanime de l'assassinat de l'architecte de la reconstruction par les pays arabes et occidentaux ainsi que par les institutions internationales, certaines capitales, à l'image de la France, ont demandé la mise en place d'une commission d'enquête internationale. Une proposition qui n'a pas manqué d'inspirer l'opposition libanaise, qui, à l'issue d'une réunion d'urgence tenue à la résidence de feu Hariri, a exigé le départ des forces syriennes du Sud Liban et la démission du gouvernement de Omar Karamé. Devant cette effervescence, le Haut Conseil de sécurité Libanais, réuni sous la présidence d'Emile Lahoud, a déployé, hier matin, l'armée aux grands carrefours et devant les bâtiments publics de Beyrouth où les écoles, les commerces, les banques ont été fermés après l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri dans un attentat, lundi. Le commandement de l'armée libanaise a annoncé lundi avoir décrété la mobilisation générale et pris des mesures dans plusieurs régions pour «sauvegarder la stabilité» après l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri. «Le commandement de l'armée a décrété la mobilisation générale de toutes les unités de l'armée, élevé au maximum leur état d'alerte, rappelé les permissionnaires et suspendu tous les congés», précise un communiqué de l'armée. «L'armée a pris des mesures préventives dans diverses régions afin de sauvegarder la stabilité et a fait circuler des patrouilles dans les rues de la capitale et d'autres régions en érigeant des barrages et des points de contrôle», ajoute le texte. Hier, Beyrouth donnait l'aspect d'une ville fantôme en état de siège avec les unités de l'armée libanaise déployées dans la ville. Les écoles, universités, commerces, banques, bureaux sont restés fermés sur l'ordre des pouvoirs publics, alors que l'opposition a appelé à une grève générale. Dès lundi soir, tout attroupement a été interdit. Les forces de l'ordre ont empêché des manifestants de saccager une permanence de la branche libanaise du parti Baas, au pouvoir en Syrie. Un deuil national de trois jours a été décrété par le gouvernement. A noter que les obsèques de Hariri doivent avoir lieu, aujourd'hui à midi à Beyrouth, d'après des proches de la famille de l'ex-Premier ministre. La préparation des obsèques constitue un autre casse-tête pour les autorités Libanaises, d'autant plus que la famille du défunt et les partis de l'opposition refusent la présence des officiels à ces obsèques. Ce qui pose ici un autre problème, celui d'assurer la sécurité des délégations étrangères devant assister à ces obsèques. L'autre crainte émane des milieux d'affaires libanais, qui ne cachaient pas leur inquiétude sur les conséquences à moyen et long terme de l'attentat sur la livre et l'avenir de l'économie du Liban. Respecté et apprécié dans l'arène financière internationale, l'ancien Premier ministre, qui avait fait fortune en Arabie Saoudite, disposait de solides amitiés et d'importants intérêts dans les riches monarchies du Golfe et en Occident. Pour ce qui est de la revendication de l'attentat par un activiste se présentant comme un membre d'un groupe dénommé Victoire et Jihad en grande Syrie, la police libanaise a annoncé avoir perquisitionné lundi soir le domicile d'un Palestinien fondamentaliste à Beyrouth, et a précisé être parvenue à identifier le jeune homme, Ahmad Tayssir Abou Aadass, 22 ans, qui avait paru dans une cassette-vidéo, diffusée par la chaîne qatariote Al-Jazeera. Une information que l'opposition libanaise avait qualifié de «montage grossier» fomenté par l'appareil sécuritaire libano-syrien.