La Centrale, exceptionnellement, ne compte pas fêter seule le triple anniversaire du 24 Février. Des sources proches de la Centrale Ugta, jointes hier par téléphone, nous ont indiqué que «tout le poids est jeté présentement en direction de la réussite de la commémoration du double anniversaire du 24 Février». Il s'agit, faut-il le rappeler, de la naissance de cette organisation syndicale au plus fort de la guerre de Libération nationale d'abord, et de la nationalisation des hydrocarbures ensuite. La Centrale, qui a entrepris une grande mue dans ses objectifs et activités, et qui tente aussi, laborieusement, d'assainir ses rangs et de renouveler l'ensemble des mandats de ses structures, a ainsi décidé de «frapper très fort» en cette occasion. C'est pourquoi, nous apprennent nos sources, qu'«une invitation a été adressée au président de la République». Celui-ci a donné son assentiment, ce lundi assez tard dans la soirée. Ainsi, donc, Bouteflika devra se rendre au siège de la Centrale Ugta le 23 février prochain, un jour avant la commémoration officielle. Il devra, à cette occasion, inaugurer une stèle érigée à la mémoire de l'ancien secrétaire général de l'Ugta, Abdelhak Benhamouda, mais aussi de tous les martyrs de cette organisation syndicale. «Une pareille initiative, expliquent nos sources, ne remet nullement en cause le processus d'amnistie générale et de réconciliation nationale, lesquelles ne veulent pas dire qu'il faudra oublier nos martyrs qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes au service de la République, de la démocratie et des libertés collectives et individuelles». Bouteflika compte également faire un discours devant plus de 1000 cadres syndicaux. Outre les secrétaires généraux des fédérations et des unions de wilaya, seront également présents à cette rencontre historique de nombreux élus représentant les multiples secteurs d'activité dans le pays. D'ores et déjà, les applaudissements et les hourras sont garantis, comme le soulignent nos sources, pour qui les années 70, «empreintes de démarches révolutionnaires et d'acquis désormais obsolètes ne sont plus de mise». Pour nos interlocuteurs, en effet, «le discours récemment fait par le président Bouteflika devant les syndicats arabes nous suffit amplement». La lecture que veut en faire la Centrale est des plus claires: «Le premier magistrat du pays se porte personnellement garant des droits et acquis des travailleurs à propos de la campagne de privatisation des entreprises publiques algériennes.» Il est certain, de ce fait, que le discours de Bouteflika abondera dans le même sens le 23 février prochain avec, à la clé, un « sauf-conduit» de la part de la Centrale par rapport aux privatisations massives à venir, mais aussi à la fameuse loi sur les hydrocarbures qui, ne l'oublions pas, remet carrément en cause l'esprit du 24 Février dont les célébrations futures risquent carrément d'être compromises dès l'année prochaine. Mais d'ici là, pas mal de choses peuvent d'arriver. La disparition quasi totale du secteur public industriel, l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et la réforme de l'Etat modifieront foncièrement la configuration syndicale dans le pays.